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sur des sujets d'actualité et d'intérêt en Génie Biologique

écrits par les étudiants en première année de préparation au

Diplôme Universitaire Technologique (DUT) Génie Biologique

à l'IUT de Créteil-Vitry.

LE NUTRI-SCORE

BOISSAC Michel, DEROUICH Mériame, DUPONT Maëlis, LUDOT Camille, MONCHECOURT Margot, OUASSIF MOLLEON Soléna, ROHMAN Sigma, SHAHVAR Anicée


    Se nourrir est depuis toujours un besoin vital qui rythme notre quotidien.   
Malgré l’arrivée dans nos supermarchés de produits alimentaires de plus en plus innovants, l’étiquetage de ces derniers n’est pas toujours simple à comprendre, pouvant ainsi générer la méfiance de certains consommateurs. Et pour cause, une grande partie des aliments vendus sur le marché sont composés d’une liste d'ingrédients dont la majeure partie de la société ignore les effets sur notre santé. En effet, valorisant le côté organoleptique et la longue conservation aux bienfaits sur la santé, les industries agroalimentaires ne manquent pas de stratagèmes pour dissimuler volontairement sous des noms barbares ou des tableaux parfois compliqués à comprendre, les véritables informations utiles aux consommateurs, ce qui génère leur inquiétude.
    C’est pour limiter cela qu’a été mis en place, suite à l’Arrêté du 31 octobre 2017, un nouveau système d’étiquetage nutritionnel destiné à aider les utilisateurs à privilégier une alimentation plus équilibrée : le nutri-score.
    Son but est d’informer par un simple coup d’œil les consommateurs de la qualité nutritionnelle d’un produit. Il est présenté sous forme de logo avec 5 classes de couleurs différentes : A (vert foncé) qui correspond aux meilleurs apports ; B (vert clair) ; C (jaune) ; D (orange) et E (rouge) qui indique les aliments les plus mauvais sur le plan nutritionnel.

Nous allons traiter dans cet article de la mise en place du nutri-score, son rôle, son code couleur avec les calculs, les avantages et les inconvénients de sa mise en place dans les entreprises puis nous terminerons en s’interrogeant sur la réelle efficacité de cet étiquetage du point de vue des consommateurs.

Un nouvel étiquetage plus facile d’accès aux consommateurs

    Le nutri-score a été adopté début 2017 par le Ministère de la Santé. Il permet d’informer le consommateur de manière simple et efficace sur la qualité nutritionnelle du produit. Il est indiqué sous forme de logo avec 5 classes : A ; B ; C ; D ; E. La catégorie à laquelle appartient le produit en question est mis en valeur avec une case plus grosse et une écriture en gras ce qui la rend repérable par tous. Le logo se rajoute à la valeur nutritionnelle et à la liste des ingrédients déjà présents et obligatoires sur les étiquettes alimentaires. C’est en quelque sorte une forme de transparence pour le consommateur. (1)



Figure 1 : Explications du nutri-score (Source : Santé publique France)

    La mise en place de l’étiquette du nutri-score s’est concrétisée après réalisation de plusieurs tests répartis sur dix semaines. (2) Ils ont eu lieu dans 60 supermarchés différents, situés dans 4 régions de France.  Ces tests ont eu pour but de comparer les différents algorithmes de calcul et ainsi de pouvoir sélectionner celui qui permettra d’être le plus juste et le plus représentatif. Ce système permet de choisir au mieux les aliments à privilégier et ceux à éviter. Il a également pour objectif de réduire les risques d’obésité, les problèmes cardiovasculaires, et autres pathologies liées à la mauvaise nutrition. En effet, d’après l’Organisme Mondial de la Santé, l’obésité a atteint les proportions d’une épidémie mondiale d’où l’augmentation de ces maladies à travers le monde. Le nutri-score serait donc peut-être un outil qui pourrait limiter le fléau.

Comment calcule-t-on le nutri-score ?
    Pour obtenir ce code couleur, différents calculs sont nécessaires. Le nutri-score se calcule pour 100 g de produit. Les règles de calcul sont décrites dans le projet d’Arrêté notifié à la Commission Européenne. (3) Ces règles mettent en relation les nutriments dits positifs comme les fruits, les légumes, les protéines, les fibres, et les nutriments dits à limiter qui, en trop grosses quantités pourraient nuire à la santé, comme les acides gras saturés, le sucre, le sodium ou encore la densité énergétique.(4) Un aliment doit alors, pour obtenir un bon score, contenir suffisamment de nutriments indispensables à la santé par rapport à l’énergie qu’il apporte. Les calculs sont basés sur le tableau des valeurs nutritionnelles. Ce tableau a été imposé en 2016 par le règlement européen n°1169/2011 aussi appelé INCO.
En effet à la fin, le nutri-score est donc obtenu en soustrayant le nombre de points positifs au nombre de points négatifs. On obtiendra par conséquent un score qui ira de -15 dans le rouge jusqu’à +40 dans le vert. Des tranches de scores pour chaque couleur ont alors été mises en place :

Tableau des scores pour chaque couleur


Le nutri-score étant un système récent, des applications comme Keendoo ont été développées pour faciliter le calcul de l’indice nutri-score et ainsi aider les professionnels de l’agroalimentaire. Cette application est d’ailleurs disponible directement pour le professionnel via internet.

Côté industriels, les avis divergent
    L'application du nutri-score est facultative ; elle repose sur le volontariat des entreprises de l’agroalimentaire et des distributeurs. Cependant, depuis l’Arrêté du 31 Octobre 2017, le nutri-score est devenu le dispositif officiellement recommandé d’étiquetage nutritionnel simplifié. Hormis quelques exceptions comme les herbes aromatiques, le thé, le café et les levures, tous les produits transformés et les boissons sont concernés par ce logo. Les produits non transformés comme les fruits et légumes frais ou le poisson frais ne sont pas concernés, de même que les boissons alcoolisées. Ce dispositif étant très récent, il devrait apparaître progressivement dans nos magasins et sur les e-commerces.
En effet, de plus en plus d’entreprises ont choisi de l’adopter et seulement trois mois après avoir été rendu officiel par le gouvernement Français, 33 entreprises avaient déjà dit « oui » au Nutri-Score.
Parmi celles-ci, on retrouve des entreprises de l’agro-alimentaire telles que Fleury Michon ainsi que des entreprises de la grande distribution comme Leclerc. (5)











Tableau 2 : Entreprises et marques engagées en faveur de Nutri-Score en date du 12 février 2018

Source : https://destinationsante.com/etiquetage-nutritionnel-33-entreprises-adoptent-nutri-score.html
   
    Si de plus en plus d’entreprises apposent ce logo sur leurs produits, c’est qu’elles y trouvent plusieurs avantages. On peut notamment citer l’exemple du groupe Bonduelle qui espère ainsi devenir le « référent mondial du bien-vivre par l’alimentation végétale ».(6) Le but est également d’accompagner au mieux les consommateurs vers une alimentation saine et équilibrée et d’être transparent avec eux. De plus, le nutri-score incite les entreprises à changer leurs recettes pour ensuite pouvoir valoriser leurs produits (par exemple, les betteraves à la moutarde à l’ancienne de la marque Bonduelle avec un taux de matières grasses réduit de 33% et de sel de 50%). Pour finir, ce logo permet également de lutter contre certaines idées reçues. En effet, certains plats préparés comme le chili con carne se classent dans le vert.
   
    Pourtant, le nutri-score n’est pas près de faire l’unanimité. En effet, la perception du nutri-score comme une source de motivation dans l’amélioration des produits n’est pas partagée par tous, à commencer par les multinationales Coca-Cola, Nestlé, Mars, Mondelez, Pepsico et Unilever.(7) Ces derniers, surnommés les big 6 ont d’ailleurs choisi d’appliquer leur propre système d’étiquetage, à savoir le nutri-couleur. Ce système, retrouvé également au Royaume-Uni, attribue à chaque produit un code couleur associé à un chiffre indiquant la teneur en nutriments (matières grasses, acides gras saturés) par portion au lieu d’un score basé sur 100g. Selon Jérôme François, directeur général de Nestlé en charge de la communication consommateurs, le Nutri-couleur, en plus d’être plus efficace, ne stigmatiserait pas les produits entre eux comme le fait le Nutri-score. Notons en effet, qu’en prenant pour unité une portion dont la taille est choisie par le fabricant, le produit a plus de chance de se voir accorder une couleur plus favorable qu’avec le Nutri-score, d’autant plus que les seuils fixés par le Nutri-couleur n’ont pas été rendus publics. (8)
Par ailleurs, en se penchant de plus près sur ces grandes marques de l’agroalimentaire, on se rend compte qu’il s’agit essentiellement de celles dont les produits vendus présentent une qualité nutritionnelle moindre. Très certainement, ces industriels n’agiraient finalement que par pur intérêt commercial, mais le Nutri-score laisse également sceptique l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), qui estime « qu’aucun des cinq systèmes d’information nutritionnelle examinés ne peut être qualifié de pertinent au regard des enjeux actuels de santé publique".(9) Alors que le taux d’obésité et de diabète ne cesse d’augmenter ces dernières années, il sera difficile à un simple système d’étiquetage comme le Nutri-score d’améliorer ces problèmes de santé.
Le nutri-score serait-il donc pertinent ? Pour beaucoup, n’oublions pas que manger représente un besoin aussi bien qu’un plaisir pour les consommateurs et que ce n’est pas une couleur rouge qui dissuadera les consommateurs d’acheter un produit dont ils sont friands. De même, un produit répondant au rang A ne veut pas dire qu’il peut être consommé sans limites sous prétexte qu’il contribuerait ainsi à une meilleure santé. Par conséquent, loin de rendre compte de la diversité dont se compose un aliment et de l’importance d’avoir une alimentation équilibrée, le nutri-score ne ferait vraisemblablement que réduire l’éducation nutritionnelle du consommateur, soit sa capacité à juger par lui-même ce qu’il est en train de consommer bien qu’il reste néanmoins un premier outil de base à la portée de tous.

Des consommateurs en manque de connaissance
    Nous pouvons voir avec le sondage Truth About Food réalisé en 2017 sur 3 000 personnes dans le monde entier qu'il y a une volonté des consommateurs de comprendre les étiquetages, mais également que ces étiquetages sont trop complexes et que les consommateurs achètent certains produits à cause de certaines étiquettes qu'ils ne comprennent pas forcément. Par exemple 2/3 des personnes interrogées lors de ce sondage affirmait que les produits bio sont plus nutritifs que les autres produits, alors que l’étiquetage "bio" signifie seulement que le produit est issu de l'agriculture biologique, sans être spécialement plus nutritif. Le nutri-score serait donc un moyen efficace d'informer les consommateurs de leur teneur en nutriments, comme le montre un sondage de l'ANSES du 14/02/2017 disant que 76% des consommateurs à qui on a présenté les différents étiquetages existants préfèrent le nutri-score, car il est plus clair et lisible. Mais ce logo n'est pas encore bien connu des consommateurs, seulement 16% en ont une idée précise, d’après le sondage ODOXA réalisé en avril 2017. Nous avons également pu constater durant une période de un mois entre le 2/04/2018 et le 2/05/2018 que le nombre de produits Fleury Michon (qui s'est engagé à poser ce logo sur leurs produits) portant ce logo a doublé dans plusieurs magasins de l’île-de-France comme Auchan ou encore Intermarché.

  
    Pour conclure, le nutri-score étant encore très récent et peu connu, on ne peut actuellement observer ses effets bénéfiques sur la santé et les habitudes alimentaires des consommateurs. De plus, son caractère facultatif permet à certaines entreprises de ne pas l’adopter, même si, à ce jour, il semble être le logo le plus simple et le plus efficace.




BIBLIOGRAPHIE :

  1. (31/10/2017). UFC-Que Choisir. Étiquetage nutritionnel simplifié : Aux professionnels de respecter le "Nutriscore"!. https://www.quechoisir.org/action-ufc-que-choisir-etiquetage-nutritionnel-simplifie-aux-professionnels-de-respecter-le-nutriscore-n47988/. [consulté le 17/03/2018].

  1. BRESSON Alexandra. (02/05/2017). BFMTV. Logo Nutri-score: qui l'applique vraiment? http://www.bfmtv.com/sante/logo-nutri-score-plusieurs-distributeurs-s-engagent-a-l-appliquer-1155049.html. [consulté le 20/04/2018].

  1. (2017). EUROPA : Arrêté fixant la forme de présentation complémentaire à la déclaration nutritionnelle recommandée par l’Etat en application des articles L. 3232-8 et R. 3232-7 du code de la santé publique. http://ec.europa.eu/growth/tools-databases/tris/fr/search/?trisaction=search.detail&year=2017&num=159 [consulté le 20/05/2018].

  1. (Mars 2018). MINISTERE DES SOLIDARITES ET DE LA SANTÉ : Nutri-Score : un étiquetage nutritionnel pour favoriser une alimentation équilibrée. http://solidarites-sante.gouv.fr/prevention-en-sante/preserver-sa-sante/article/nutri-score-un-etiquetage-nutritionnel-pour-favoriser-une-alimentation [consulté le 15/03/2018].

  1. (Mars 2018). SANTE PUBLIQUE FRANCE : Nutri-Score® : 33 entreprises de l’agro-alimentaire et de la grande distribution s'engagent à apposer le logo sur leurs produits. https://www.santepubliquefrance.fr/Actualites/Nutri-Score-R-33-entreprises-de-l-agro-alimentaire-et-de-la-grande-distribution-s-engagent-a-apposer-le-logo-sur-leurs-produits [consulté le 15/03/2018].

  1. Bonduelle.com.(février 2018). le Groupe Bonduelle choisit d’adopter le système d’étiquetage nutritionnel Nutri-score. http://www.bonduelle.com/fr/communique-de-presse/le-groupe-bonduelle-choisit-dadopter-le-systeme-detiquetage-nutritionnel-nutri-score.html .(consulté le 21/04/18)

  1. SUPERTINO Gaétan. (31/10/2017). Europe1. Le nouvel étiquetage alimentaire Nutri-score peut-il être efficace ? http://www.europe1.fr/sante/faut-il-se-fier-au-nouvel-etiquetage-alimentaire-nutri-score-3479720. [consulté le 20/04/2018]. [consulté le 20/04/2018].

  1. KALONJI, Esther.(31 Octobre 2017). ANIA : Système Nutri-Score jugé conforme à la réglementation européenne.https://www.ania.net/alimentation-sante/nutri-score-30102017 [consulté le 17/03/2018].

9.    France télévisions.(octobre 2017). Franceinfo. Nutri-score : le nouvel étiquetage nutritionnel en cinq questions. https://www.francetvinfo.fr/sante/politique-de-sante/nutri-score-le-nouvel-etiquetage-nutritionnel-en-cinq-questions_2445720.html. [consulté le 16/03/2018].




CRISPR-Cas9 : Espoirs et dangers


AOUNZOU Hafsa - CASIMIR Clémence - COHIGNAC Valentine -FUMALLE Frédéric - MACHU Camille - MNASRI Lydia - NARBONI Laura


Liste des abréviations:
-          CRISPR: Clustered Regularly Interspaced Palindromic Repeats
-          ADN: Acide Désoxyribonucléique
-          ARN: Acide Ribonucléique
-          CCR5: C-C chimiokine de type 5
-          VIH: Virus de l'immunodéficience humaine




Introduction


Suite à la découverte de la double hélice d’ADN par crick et Watson en 1953, la génétique a beaucoup évolué. En effet, depuis 1970 des outils existent afin de modifier le génome génétique. Ceux-ci étant très coûteux, peu efficace et encore trop complexe le domaine du génie génétique a continué ses recherches et c’est en 2015 qu'apparaît le CRISPR-Cas9. CRISPR signifie: “Clustered Regular Interspaced Short Palindromic Repeats” et traduit en français: “Répétitions palindromiques regroupées courtes espacées et régulières” et -Cas9 correspond à l’endonucléase (protéine/enzyme) qui coupe l’ADN.
Le CRISP-Cas9 présente t-il plus de dangers que d’espoirs ?
En premier lieu, nous verrons la structure de ce CRISPR-Cas9 et son fonctionnement. Puis nous nous centrerons sur l’espoir que ces inventeurs ont créé et les avantages de cette méthode. Néanmoins nous n’oublierons pas de vous présenter également les inconvénients de celle-ci. Enfin, nous terminerons par les limites de cette enzyme auxquelles sont toujours confrontés les scientifiques et les dangers que cette méthode peut provoquer.


I.      Présentation du CRISPR-Cas9


1.       Structure


Le Clustered Regularly Interspaced Palindromic Repeats (Crispr) Cas-9 est un nouvel outil génétique qui se répand très rapidement dans les laboratoires du monde entier. En effet, il possède cet atout qui le rend révolutionnaire : une facilité d’utilisation dans l’étude des gènes. Cette nouvelle révolution pourrait représenter un réel espoir pour le traitement de maladies génétiques incurables. D’où provient initialement cet outil ? Retour en 1987. Dans un laboratoire de l’université d’Osaka au Japon, le biologiste Atsuo Nakata découvre des séquences d’Acide Désoxyribonucléique (ADN) répétitives dans le génome de la bactérie Escherichia coli. Il constate que dans certaines parties de ces séquences les quatre lettres constituant l’ADN, adénine (A), guanine (G),cytosine (C), et thymine (T) forment des suites immédiatement suivies par ces mêmes suites en sens inverse. Ainsi elles peuvent se lire dans les deux sens, formant donc des palindromes. Ces séquences énigmatiques n’intéressent au départ pas grand monde car elles semblent ne servir à rien de précis. Par la suite en 2002  des scientifiques leur attribuent un nom officiel : CRISPR pour Clustered Regularly Interspaced Palindromic Repeats, correspondant à leur conformation au rôle encore inconnu. Trois ans plus tard, des bio informaticiens découvrent que les morceaux d’ADN insérés entre ces palindromes sont en général des morceaux d’ADN de virus ayant la capacité d’infecter les bactéries. En 2007 l’entreprise danoise Danisco fait une découverte qui va permettre de comprendre potentiellement le rôle de ces palindromes. En effet, les chercheurs de l’entreprise constatent que parmi les Streptococcus thermophilus qui ont dans leur séquence CRISPR survivent mieux aux infections.C’est comme si ces bactéries archivaient dans leurs séquences CRISPR, l’ADN des virus qui les avaient déjà infectés auparavant, puis s’en servaient par la suite pour repérer ces virus et les tuer. Les principaux mécanismes de cet outil sont décryptés par deux femmes, Jennifer Doudna et Emmanuelle Charpentier.

2.       Fonctionnement


Le CRISPR Cas-9 inventé par la française Emmanuelle Charpentier et l’américaine Jennifer Doudna est reconnu pour son utilisation simple, mais qu’en est-il de son fonctionnement?
Afin de comprendre le système CRISPR Cas-9 il faut avoir en tête l’image d’une paire de ciseaux qui permette de couper une séquence spécifique d’ADN afin de la remplacer par une autre. Comment ces ciseaux fonctionnent-ils? Pour découper des segments d’ADN il est nécessaire tout d’abord de fabriquer de l’Acide Ribonucléique (ARN) qui est une molécule très proche de l’ADN mais composé d’un seul brin contenant ici une séquence CRISPR. Cet ARN obtenu sera complémentaire de l’ADN et les scientifiques vont chercher à le fabriquer de manière à ce qu’il reconnaisse précisément la séquence ciblée. En plus d’avoir cette capacité en tête de molécule de reconnaître et compléter la séquence d’ADN, l’ARN possède à l’extrémité opposée la capacité d’attirer la protéine (Cas-9), une méganucléase, et de lui servir de support.

Les méganucléases sont des enzymes capables de couper l’ADN. La Cas-9 a la propriété de couper les deux brins de l’ADN l’un en face de l’autre de manière symétrique.
La séquence d’ADN possède alors un trou que la cellule va vouloir réparer en recollant les extrémités des 2 morceaux d’ADN. Deux possibilités apparaissent alors:

      Soit le processus de réparation va instinctivement, une fois avoir reconnu l’absence de séquence de jonction modèle, ajouter ou enlever quelques nucléotides aux deux extrémités d’ADN jusqu’à pouvoir les recoller. Cette possibilité provoque des anomalies dans la séquence d’ADN étudiée. Le gène devient alors inactif ou parfois aléatoirement (et rarement) réparé.

     Soit les chercheurs vont apporter une séquence d’ADN synthétisée. Ici le processus de réparation va alors intégrer cette séquence, sans aucune anomalie, au niveau de la coupure et donc combler le trou. Le gène est alors modifié et réparé. Cette technique est celle découverte par l'américaine et la française.


Gunilla Elam / Science Photo Library / Cosmos
Figure 1: Schéma du fonctionnement de CRISPR-Cas9 [4]
Légende:
-       En bleu: ADN génomique
-       En violet: Protéine cas-9
-       En vert: ARN guide
-       Action au niveau de l’ADN: appariement puis coupure de la séquence d’ADN.
-       En rouge: ADN étranger qui répare la séquence ciblée en comblant le trou

Cette méthode simple encourage énormément les chercheurs qui peuvent alors corriger un ADN défectueux, changer des vies, et continuer à faire avancer la science.

II.   Avantages et inconvénients


1.       Avantages


La méthode CRISPR-Cas9 est de plus en plus utilisée dans les laboratoires car elle possède plusieurs avantages. Tout d’abord, elle est simple. D’autre part cette technique est rapide, une rapidité qui est liée à la simplicité du système. Enfin elle est moins coûteuse, puisque l’obtention d'ARN sur mesure fait appel à des techniques de routine en biologie moléculaire.
De nombreuses expériences ont démontré le succès de cette technique, en 2014 par exemple, elles ont montré sa capacité à corriger des maladies génétiques sur des souris. En 2016, une équipe de l’institut de technologie du Massachusetts a réalisé le potentiel médical de CRISPR-Cas9. Ainsi des chercheurs l’ont utilisé pour corriger la maladie inguérissable du foie chez la souris. Après l’injection du gène dans des cellules malades, cette expérience a permis à certaines de redevenir saines et de pouvoir proliférer.  Cette avancée scientifique est très importante notamment  dans le domaine de la santé. En effet, le fait d’enlever avec précision un gène porteur de virus est une possibilité de faire disparaître des maladies chez certains patients. Depuis trois ans, des tests ont démontré que la méthode peut stopper la multiplication de cellules cancéreuses ou rendre inefficace  le gène C-C chimiokine de type 5(CCR5), qui joue un rôle dans le développement du Virus de l'immunodéficience humaine (VIH).
En plus de rendre inefficaces les gènes défaillants, les scientifiques pourraient utiliser cette méthode pour insérer ceux de leur choix dans un génome. Un laboratoire de Harvard situé à l’université de cambridge, essaye actuellement de modifier l’ADN de moustiques africains pour que ces derniers ne puissent plus transmettre la malaria. L’expérience n’a pas encore fonctionné pour le moment. 

2.       Inconvénients


Si la CRISPR-Cas9 présente des avantages et semble révolutionnaire, elle n’est tout de même pas parfaite et occasionne des inconvénients.
Lorsque le CAS-9 coupe l’ADN, la cellule essaye de remédier à la lésion. Mais ce processus de réparation n’est pas totalement fiable, et génère des erreurs, notamment dans le séquençage qui pourrait engendrer des mutations non-désirables. Ce fût le cas de deux souris (traité à l’université de Columbia), qui après la modification de leur génome par la protéine ont présenté 1500 mutations inattendues. Les souris ne présentent pas pour autant de souffrance mais ces mutations pourraient provoquer des cancers ou d’autres pathologies sur le plan génétique.
Il subsiste également un problème éthique, en effet si cette enzyme permet de modifier l’ADN, elle pourrait aussi permettre de créer un ADN “surhumain”, d’espèces différentes, ce qui serait dangereux voire catastrophique. Son usage pouvant être détourné, la CRISPR-Cas9 n’est pour l’instant pas commercialisable aux laboratoires et aux industriels.
Toutefois, les inconvénients ne sont pas exhaustifs. Aujourd’hui, nous ne pouvons encore conclure sur ceux-là. En effet, la technique du CRISPR-Cas9 est encore récente, rien ne peut être encore réellement prouvé. Nous ne pouvons encore parler que de risques.

III.  Limites et risques


1.       Limites de l’activité de l’enzyme


L’arrivée de cette nouvelle méthode de modification génétique a fait naître chez les scientifiques l’espoir d’éradiquer la malaria (ou paludisme). Cette maladie est provoquée par un parasite qui se propage grâce à certains moustiques. En laboratoire les scientifiques ont réussi à avoir des résultats satisfaisant cependant si on appliquait cette méthode dans la nature les résultats risquent de ne pas être les mêmes. En effet, en laboratoire le succès de l’expérience est dû au forçage génétique or dans la nature, avec la diversité et le grand nombre de moustiques l’action de CRISPR-Cas9 serait limitée. De plus, en laboratoire des mutation involontaires provoquant une cécité ont été constaté notamment chez la souris.
L’efficacité de CRISPR-Cas9 pourrait aussi être réduite par le fait qu’une  partie de la population est immunisée par des anticorps (65 à 80%) ou des globules blanc spécifiques (46%) à la protéine CRISPR-Cas9. Cela a été révélé par des recherches faites par des chercheurs de l’université de Stanford. N’oublions pas que cette protéine a une origine bactérienne et que les scientifiques l’ont modifiée. La  plupart proviennent soit de Staphyloccocus aureus soit de Streptococcus pyogenes. Une grande partie de la population est porteur sain pour ces deux types bactériens bien que ceux-ci puissent être pathogènes. C’est pour cela que la quasi totalité des adultes de la planète possède des anticorps contre la protéine Cas9 de ces bactéries. Donc si on veut traiter quelqu’un avec CRISPR-Cas9 celle-ci ne pourrait pas agir correctement et entraînerait une réponse immunitaire qui entraînerait des complications.[9]
Enfin, il existe aussi des personnes possédant des globules blancs anti Cas-9. Malgré le fait que la protéine Cas9 soit modifiée dans CRISPR-Cas9, elle serait quand même reconnu par les lymphocytes T ce qui provoquerait l’élimination de la protéine: le traitement perdra alors son efficacité. Il est aussi possible que la protéine produise d’autres molécules lorsque celle-ci est reconnue par les défenses de l’organisme. Dans ce cas d’autres cellules immunitaires lutteront contre les molécules ce qui provoquera une réaction inflammatoire qui pourrait être dangereuse pour le patient. [9]

2.       Risques


En 2015 des scientifiques chinois de l’université Sun-Yat-sen ont testé la technologie CRISPR-Cas9, pour la première fois sur des embryons non viables humains. Le but était de voir l’efficacité de cette méthode pour corriger les gènes responsables de la β-thalassémie. Ici cette technologie est utilisée à des fins scientifiques mais celle-ci  pourrait très bien présenter un risque pour la société car elle pourrait nettement œuvrer en faveur de l’eugénisme.[2] En effet, quelques chercheurs comme ceux travaillant au centre de San Francisco ne pensent pas que cette découverte soit suffisamment contrôlée pour éviter les dérives. Certaines personnes pourraient alors modifier des parties du génome qui ne nécessitent aucune modification afin de modifier physiquement (sexe du bébé, couleur des yeux...) un embryon. (cf figure 2) C’est pour cela que cette technologie alimente les débats éthiques. De plus, ils pensent que l’abus de cette technologie créerait encore plus d’inégalités dans la société. En effet, il y aurait clairement un fossé encore plus important entre les populations riches qui auraient les moyens de payer pour leurs enfants tous les avantages d’un point de vue génétique et les populations les plus pauvres qui eux auront pas accès à cette technologie.
Figure 2: Caricature dénonçant l’eugénisme (risque des modifications génétiques)

Un autre risque est l’effet appelé off Target qui se traduit littéralement par effet hors cible. En effet, les scientifiques chinois ayant mené l’expérience dont nous avons parlé précédemment ont pu constater que quelques embryons avaient bien la mutation voulue mais aussi des mutations non voulues sur d’autres parties du génome. Cette découverte a ouvert un grand débat dans le milieu scientifique, certains scientifiques remettent en question l'efficacité de CRISPR-Cas9 alors que d’autres, spécialisés dans ce domaine, montrent que ces erreurs n’arrivent que très rarement et que d’autres mutations arrivent de manière naturelle. En théorie celles-ci ne sont pas nuisibles. Afin de limiter le risque de hors cible, il faut donc connaître  les parties du génome à modifier traiter afin d’être qui le gène qui sera exprimée n'entraîne pas d’effet non prévus. [5]



















Sources:

Sitographie

  1. Anonyme.(2017).Fondation pour la recherche médicale: CRISPR-Cas9: un outil génétique révolutionnaire.https://www.frm.org/crispr-cas9-outil-genetique [consulté le 21/03/2018]]

  1. BRALY Jean Philippe.(3/08/2017).Sciences actualité:CRISPR-cas 9 le couteau suisse qui révolutionne la génétique.http://www.cite-sciences.fr/fr/ressources/science-actualites/detail/news/crispr-cas9-le-couteau-suisse-qui-revolutionne-la-genetique/?tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=News&tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&cHash=37ce7a688e0683ccfe5178db483d8b84 [consulté le 17/03/2018]

  1. BERTRAND Jordan.(17/11/2015).Médecine/Sciences: CRISPR-Cas9, une nouvelle donne pour la thérapie génique. https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2015/12/medsci20153111p1035/medsci20153111p1035.html?mb=1 [consulté le 22/03/2018]

  1. GALANOPOULO Léa.(03/05/2016).CNRS le journal:CRISPR-Cas9: des ciseaux génétiques pour le cerveau.https://lejournal.cnrs.fr/articles/crispr-cas9-des-ciseaux-genetiques-pour-le-cerveau |consulté le 22/03/2018]

  1. école des MINES Paris tech.(2017).CRISPR-CAS9 : la nouvelle technique de modification génétique controversée.  http://controverses.mines-paristech.fr/public/promo16/promo16_G6/www.controverses-minesparistech-2.fr/_groupe6/index.html. [consulté le 17/03/2017]

  1. Carole Chatelain.(07/02/2017).Un rapport « secret défense » sur les risques terroristes des manipulations génétiques. https://www.sciencesetavenir.fr/fondamental/biologie-cellulaire/un-rapport-sur-le-bioterrorime-les-manipulations-genetiques-et-crisp-r-cas9-a-ete-rendu-au-gouvernement_110398. [consulté le 20/03/2017]

  1. THEVENOT Valentin.(15.08.2017).Sciences et avenir.CRISPR/Cas 9: modifier des porcs pour en faire de meilleurs donneurs d'organes ?. https://www.sciencesetavenir.fr/sante/crispr-cas-9-modifier-des-porcs-pour-en-faire-de-meilleurs-donneurs-d-organes_1154985 [consulté le 28/03/2018]

  1. KAPLAN Jean-Claude.(avril 2017).Science et pseudo sciences:CRISPR-Cas9 : un scalpel génomique à double tranchant. http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2830 [consulté le 28/03/2018]

  1. GAUBERT Camille.(06/04/2018).Sciences et avenir.Pourquoi CRISPR-Cas9, méthode révolutionnaire, pourrait ne pas marcher sur l'humain.https://www.sciencesetavenir.fr/sante/pourquoi-crispr-cas9-methode-revolutionnaire-pourrait-ne-pas-marcher-sur-l-humain_122822 [consulté le 20/04/2018]

Article

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