LE NUTRI-SCORE

BOISSAC Michel, DEROUICH Mériame, DUPONT Maëlis, LUDOT Camille, MONCHECOURT Margot, OUASSIF MOLLEON Soléna, ROHMAN Sigma, SHAHVAR Anicée


    Se nourrir est depuis toujours un besoin vital qui rythme notre quotidien.   
Malgré l’arrivée dans nos supermarchés de produits alimentaires de plus en plus innovants, l’étiquetage de ces derniers n’est pas toujours simple à comprendre, pouvant ainsi générer la méfiance de certains consommateurs. Et pour cause, une grande partie des aliments vendus sur le marché sont composés d’une liste d'ingrédients dont la majeure partie de la société ignore les effets sur notre santé. En effet, valorisant le côté organoleptique et la longue conservation aux bienfaits sur la santé, les industries agroalimentaires ne manquent pas de stratagèmes pour dissimuler volontairement sous des noms barbares ou des tableaux parfois compliqués à comprendre, les véritables informations utiles aux consommateurs, ce qui génère leur inquiétude.
    C’est pour limiter cela qu’a été mis en place, suite à l’Arrêté du 31 octobre 2017, un nouveau système d’étiquetage nutritionnel destiné à aider les utilisateurs à privilégier une alimentation plus équilibrée : le nutri-score.
    Son but est d’informer par un simple coup d’œil les consommateurs de la qualité nutritionnelle d’un produit. Il est présenté sous forme de logo avec 5 classes de couleurs différentes : A (vert foncé) qui correspond aux meilleurs apports ; B (vert clair) ; C (jaune) ; D (orange) et E (rouge) qui indique les aliments les plus mauvais sur le plan nutritionnel.

Nous allons traiter dans cet article de la mise en place du nutri-score, son rôle, son code couleur avec les calculs, les avantages et les inconvénients de sa mise en place dans les entreprises puis nous terminerons en s’interrogeant sur la réelle efficacité de cet étiquetage du point de vue des consommateurs.

Un nouvel étiquetage plus facile d’accès aux consommateurs

    Le nutri-score a été adopté début 2017 par le Ministère de la Santé. Il permet d’informer le consommateur de manière simple et efficace sur la qualité nutritionnelle du produit. Il est indiqué sous forme de logo avec 5 classes : A ; B ; C ; D ; E. La catégorie à laquelle appartient le produit en question est mis en valeur avec une case plus grosse et une écriture en gras ce qui la rend repérable par tous. Le logo se rajoute à la valeur nutritionnelle et à la liste des ingrédients déjà présents et obligatoires sur les étiquettes alimentaires. C’est en quelque sorte une forme de transparence pour le consommateur. (1)



Figure 1 : Explications du nutri-score (Source : Santé publique France)

    La mise en place de l’étiquette du nutri-score s’est concrétisée après réalisation de plusieurs tests répartis sur dix semaines. (2) Ils ont eu lieu dans 60 supermarchés différents, situés dans 4 régions de France.  Ces tests ont eu pour but de comparer les différents algorithmes de calcul et ainsi de pouvoir sélectionner celui qui permettra d’être le plus juste et le plus représentatif. Ce système permet de choisir au mieux les aliments à privilégier et ceux à éviter. Il a également pour objectif de réduire les risques d’obésité, les problèmes cardiovasculaires, et autres pathologies liées à la mauvaise nutrition. En effet, d’après l’Organisme Mondial de la Santé, l’obésité a atteint les proportions d’une épidémie mondiale d’où l’augmentation de ces maladies à travers le monde. Le nutri-score serait donc peut-être un outil qui pourrait limiter le fléau.

Comment calcule-t-on le nutri-score ?
    Pour obtenir ce code couleur, différents calculs sont nécessaires. Le nutri-score se calcule pour 100 g de produit. Les règles de calcul sont décrites dans le projet d’Arrêté notifié à la Commission Européenne. (3) Ces règles mettent en relation les nutriments dits positifs comme les fruits, les légumes, les protéines, les fibres, et les nutriments dits à limiter qui, en trop grosses quantités pourraient nuire à la santé, comme les acides gras saturés, le sucre, le sodium ou encore la densité énergétique.(4) Un aliment doit alors, pour obtenir un bon score, contenir suffisamment de nutriments indispensables à la santé par rapport à l’énergie qu’il apporte. Les calculs sont basés sur le tableau des valeurs nutritionnelles. Ce tableau a été imposé en 2016 par le règlement européen n°1169/2011 aussi appelé INCO.
En effet à la fin, le nutri-score est donc obtenu en soustrayant le nombre de points positifs au nombre de points négatifs. On obtiendra par conséquent un score qui ira de -15 dans le rouge jusqu’à +40 dans le vert. Des tranches de scores pour chaque couleur ont alors été mises en place :

Tableau des scores pour chaque couleur


Le nutri-score étant un système récent, des applications comme Keendoo ont été développées pour faciliter le calcul de l’indice nutri-score et ainsi aider les professionnels de l’agroalimentaire. Cette application est d’ailleurs disponible directement pour le professionnel via internet.

Côté industriels, les avis divergent
    L'application du nutri-score est facultative ; elle repose sur le volontariat des entreprises de l’agroalimentaire et des distributeurs. Cependant, depuis l’Arrêté du 31 Octobre 2017, le nutri-score est devenu le dispositif officiellement recommandé d’étiquetage nutritionnel simplifié. Hormis quelques exceptions comme les herbes aromatiques, le thé, le café et les levures, tous les produits transformés et les boissons sont concernés par ce logo. Les produits non transformés comme les fruits et légumes frais ou le poisson frais ne sont pas concernés, de même que les boissons alcoolisées. Ce dispositif étant très récent, il devrait apparaître progressivement dans nos magasins et sur les e-commerces.
En effet, de plus en plus d’entreprises ont choisi de l’adopter et seulement trois mois après avoir été rendu officiel par le gouvernement Français, 33 entreprises avaient déjà dit « oui » au Nutri-Score.
Parmi celles-ci, on retrouve des entreprises de l’agro-alimentaire telles que Fleury Michon ainsi que des entreprises de la grande distribution comme Leclerc. (5)











Tableau 2 : Entreprises et marques engagées en faveur de Nutri-Score en date du 12 février 2018

Source : https://destinationsante.com/etiquetage-nutritionnel-33-entreprises-adoptent-nutri-score.html
   
    Si de plus en plus d’entreprises apposent ce logo sur leurs produits, c’est qu’elles y trouvent plusieurs avantages. On peut notamment citer l’exemple du groupe Bonduelle qui espère ainsi devenir le « référent mondial du bien-vivre par l’alimentation végétale ».(6) Le but est également d’accompagner au mieux les consommateurs vers une alimentation saine et équilibrée et d’être transparent avec eux. De plus, le nutri-score incite les entreprises à changer leurs recettes pour ensuite pouvoir valoriser leurs produits (par exemple, les betteraves à la moutarde à l’ancienne de la marque Bonduelle avec un taux de matières grasses réduit de 33% et de sel de 50%). Pour finir, ce logo permet également de lutter contre certaines idées reçues. En effet, certains plats préparés comme le chili con carne se classent dans le vert.
   
    Pourtant, le nutri-score n’est pas près de faire l’unanimité. En effet, la perception du nutri-score comme une source de motivation dans l’amélioration des produits n’est pas partagée par tous, à commencer par les multinationales Coca-Cola, Nestlé, Mars, Mondelez, Pepsico et Unilever.(7) Ces derniers, surnommés les big 6 ont d’ailleurs choisi d’appliquer leur propre système d’étiquetage, à savoir le nutri-couleur. Ce système, retrouvé également au Royaume-Uni, attribue à chaque produit un code couleur associé à un chiffre indiquant la teneur en nutriments (matières grasses, acides gras saturés) par portion au lieu d’un score basé sur 100g. Selon Jérôme François, directeur général de Nestlé en charge de la communication consommateurs, le Nutri-couleur, en plus d’être plus efficace, ne stigmatiserait pas les produits entre eux comme le fait le Nutri-score. Notons en effet, qu’en prenant pour unité une portion dont la taille est choisie par le fabricant, le produit a plus de chance de se voir accorder une couleur plus favorable qu’avec le Nutri-score, d’autant plus que les seuils fixés par le Nutri-couleur n’ont pas été rendus publics. (8)
Par ailleurs, en se penchant de plus près sur ces grandes marques de l’agroalimentaire, on se rend compte qu’il s’agit essentiellement de celles dont les produits vendus présentent une qualité nutritionnelle moindre. Très certainement, ces industriels n’agiraient finalement que par pur intérêt commercial, mais le Nutri-score laisse également sceptique l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), qui estime « qu’aucun des cinq systèmes d’information nutritionnelle examinés ne peut être qualifié de pertinent au regard des enjeux actuels de santé publique".(9) Alors que le taux d’obésité et de diabète ne cesse d’augmenter ces dernières années, il sera difficile à un simple système d’étiquetage comme le Nutri-score d’améliorer ces problèmes de santé.
Le nutri-score serait-il donc pertinent ? Pour beaucoup, n’oublions pas que manger représente un besoin aussi bien qu’un plaisir pour les consommateurs et que ce n’est pas une couleur rouge qui dissuadera les consommateurs d’acheter un produit dont ils sont friands. De même, un produit répondant au rang A ne veut pas dire qu’il peut être consommé sans limites sous prétexte qu’il contribuerait ainsi à une meilleure santé. Par conséquent, loin de rendre compte de la diversité dont se compose un aliment et de l’importance d’avoir une alimentation équilibrée, le nutri-score ne ferait vraisemblablement que réduire l’éducation nutritionnelle du consommateur, soit sa capacité à juger par lui-même ce qu’il est en train de consommer bien qu’il reste néanmoins un premier outil de base à la portée de tous.

Des consommateurs en manque de connaissance
    Nous pouvons voir avec le sondage Truth About Food réalisé en 2017 sur 3 000 personnes dans le monde entier qu'il y a une volonté des consommateurs de comprendre les étiquetages, mais également que ces étiquetages sont trop complexes et que les consommateurs achètent certains produits à cause de certaines étiquettes qu'ils ne comprennent pas forcément. Par exemple 2/3 des personnes interrogées lors de ce sondage affirmait que les produits bio sont plus nutritifs que les autres produits, alors que l’étiquetage "bio" signifie seulement que le produit est issu de l'agriculture biologique, sans être spécialement plus nutritif. Le nutri-score serait donc un moyen efficace d'informer les consommateurs de leur teneur en nutriments, comme le montre un sondage de l'ANSES du 14/02/2017 disant que 76% des consommateurs à qui on a présenté les différents étiquetages existants préfèrent le nutri-score, car il est plus clair et lisible. Mais ce logo n'est pas encore bien connu des consommateurs, seulement 16% en ont une idée précise, d’après le sondage ODOXA réalisé en avril 2017. Nous avons également pu constater durant une période de un mois entre le 2/04/2018 et le 2/05/2018 que le nombre de produits Fleury Michon (qui s'est engagé à poser ce logo sur leurs produits) portant ce logo a doublé dans plusieurs magasins de l’île-de-France comme Auchan ou encore Intermarché.

  
    Pour conclure, le nutri-score étant encore très récent et peu connu, on ne peut actuellement observer ses effets bénéfiques sur la santé et les habitudes alimentaires des consommateurs. De plus, son caractère facultatif permet à certaines entreprises de ne pas l’adopter, même si, à ce jour, il semble être le logo le plus simple et le plus efficace.




BIBLIOGRAPHIE :

  1. (31/10/2017). UFC-Que Choisir. Étiquetage nutritionnel simplifié : Aux professionnels de respecter le "Nutriscore"!. https://www.quechoisir.org/action-ufc-que-choisir-etiquetage-nutritionnel-simplifie-aux-professionnels-de-respecter-le-nutriscore-n47988/. [consulté le 17/03/2018].

  1. BRESSON Alexandra. (02/05/2017). BFMTV. Logo Nutri-score: qui l'applique vraiment? http://www.bfmtv.com/sante/logo-nutri-score-plusieurs-distributeurs-s-engagent-a-l-appliquer-1155049.html. [consulté le 20/04/2018].

  1. (2017). EUROPA : Arrêté fixant la forme de présentation complémentaire à la déclaration nutritionnelle recommandée par l’Etat en application des articles L. 3232-8 et R. 3232-7 du code de la santé publique. http://ec.europa.eu/growth/tools-databases/tris/fr/search/?trisaction=search.detail&year=2017&num=159 [consulté le 20/05/2018].

  1. (Mars 2018). MINISTERE DES SOLIDARITES ET DE LA SANTÉ : Nutri-Score : un étiquetage nutritionnel pour favoriser une alimentation équilibrée. http://solidarites-sante.gouv.fr/prevention-en-sante/preserver-sa-sante/article/nutri-score-un-etiquetage-nutritionnel-pour-favoriser-une-alimentation [consulté le 15/03/2018].

  1. (Mars 2018). SANTE PUBLIQUE FRANCE : Nutri-Score® : 33 entreprises de l’agro-alimentaire et de la grande distribution s'engagent à apposer le logo sur leurs produits. https://www.santepubliquefrance.fr/Actualites/Nutri-Score-R-33-entreprises-de-l-agro-alimentaire-et-de-la-grande-distribution-s-engagent-a-apposer-le-logo-sur-leurs-produits [consulté le 15/03/2018].

  1. Bonduelle.com.(février 2018). le Groupe Bonduelle choisit d’adopter le système d’étiquetage nutritionnel Nutri-score. http://www.bonduelle.com/fr/communique-de-presse/le-groupe-bonduelle-choisit-dadopter-le-systeme-detiquetage-nutritionnel-nutri-score.html .(consulté le 21/04/18)

  1. SUPERTINO Gaétan. (31/10/2017). Europe1. Le nouvel étiquetage alimentaire Nutri-score peut-il être efficace ? http://www.europe1.fr/sante/faut-il-se-fier-au-nouvel-etiquetage-alimentaire-nutri-score-3479720. [consulté le 20/04/2018]. [consulté le 20/04/2018].

  1. KALONJI, Esther.(31 Octobre 2017). ANIA : Système Nutri-Score jugé conforme à la réglementation européenne.https://www.ania.net/alimentation-sante/nutri-score-30102017 [consulté le 17/03/2018].

9.    France télévisions.(octobre 2017). Franceinfo. Nutri-score : le nouvel étiquetage nutritionnel en cinq questions. https://www.francetvinfo.fr/sante/politique-de-sante/nutri-score-le-nouvel-etiquetage-nutritionnel-en-cinq-questions_2445720.html. [consulté le 16/03/2018].