Le système
hormonal ou endocrinien est impliqué dans la régulation des hormones assurant
la croissance, le développement et la coordination des processus métaboliques à
l'intérieur de l'organisme. Ce système a donc pour but de maintenir les
fonctions normales de l’organisme en dépit d’un environnement en perpétuel
mouvement. Cependant, des substances chimiques peuvent venir le perturber. On
les nomme les perturbateurs endocriniens (PE).
L’existence des PE a été officiellement démontrée et reconnue par les Hommes en
1992 par le chercheur BERN. Auparavant, les chercheurs avaient déjà remarqué
des signes indiquant la présence de substances à interactions néfastes avec les
êtres vivants par l’augmentation significative de maladies hormonales telles
que le cancer du sein chez la femme ou de mortalité chez les oiseaux notamment
l’aigle Royal, d’après la biologiste américaine Rachel Carson dans son livre Silent
spring.
Depuis ces découvertes, aucun organisme n’a réussi à se mettre en accord sur la
définition de cette nouvelle menace3. En effet, les preuves n’étant
pas assez pertinentes et le sujet très peu connu et vaste, il relève de
nombreuses questions encore de nos jours sans réponses. Ainsi, ce n’est qu’en
1999 qu’une définition officielle générale fut décrétée par l’Union Européenne
et approuvée par l’Organisme Mondial de la Santé (OMS) traduisant : « Un
perturbateur endocrinien est une substance ou un mélange exogène altérant les
fonctions des systèmes hormonaux et induisant donc des effets nocifs sur la
santé d'un organisme intact, de ses descendants ou sous-populations »9.
Au cours du XXI siècle, de nombreuses études scientifiques ainsi que des
organismes se sont intéressés à leurs modes d’actions. Les PE agissent selon
trois types d’effets:
·
Effet mimétique ou agoniste : ils vont imiter l’action d’une
hormone naturelle (ex : agit telle une fausse clé dans les « serrures
biologiques »)16.
·
Effet de blocage ou antagoniste : ils vont bloquer l’action d’une
hormone naturelle (ex : saturation des récepteurs cellulaires)
·
Effet perturbant ou d’interférence : ils vont perturber, ou gêner
ou bloquer la production, le transport, ou le métabolisme des hormones ou des
récepteurs, induite par une action hormonale anormale dans l’organisme qui
interfère avec les processus métaboliques ou de croissance et division
cellulaire.
Ces différents effets dépendent de la durée, de la dose d’exposition. Ils
dépendent également de l’âge d’exposition. En effet, ces actions sont d’autant
plus grave si elles se produisent tôt.
Dans un premier temps, nous verrons les différents PE. Dans un second temps,
nous étudierons les différents dangers causés par les PE. Pour finir, nous nous
intéresserons aux nombreux moyens préventifs.
Les différents perturbateurs
endocriniens
Les PE peuvent être de différentes
origines, ils peuvent être naturels ou industriels (cf figure 1)25.
Pour ceux d’origine naturelle, nous pouvons les retrouver dans nos
aliments tel que les plantes ainsi que dans certains métabolites secondaires de
champignons qui peuvent contaminer les aliments : les phyto-oestrogènes et les
myco-oestrogènes en sont des exemples (cf figure 2)26. Les PE
d’origine industrielle c’est-à-dire médicaments synthétiques, pesticides,
métaux lourds, sont retrouvés dans les produits de consommation (ex :
cosmétiques).
Les
différents dangers
Tout
d’abord nous sommes sûr que les PE sont impliqués dans la diminution de la
fertilité.20 En effet, chez le rat des tests ont été fait et
prouvent que de faibles doses de PE modifient le phénotype de la descendance
mâle et l’expression de gènes impliqués dans la structure et la fonction des
cellules germinales. Il a été prouvé chez l’humain que le phtalate inhibe le
développement des futurs spermatozoïdes chez le fœtus et que le bisphénol A
réduit la production de testostérone et la production d’une autre hormone
permettant la descente des testicules dans les bourses durant le développement
fœtal.
Aujourd’hui,
certains PE sont suspectés dans l’apparition de cancers hormono-dépendants tels
que : le cancer du sein, de l’utérus, de la prostate et des testicules.
·
Le diéthylstilbestrol, prescrit dans les années 50 pour éviter les
avortements spontanés (interdit en France depuis 1977) serait lié à la survenue
de cancers du vagin, du sein et de l’utérus chez les filles des mères ayant
reçu ce traitement.
·
Le chlordécone qui est un insecticide organochloré, utilisé
autrefois dans les bananeraies serait à l’origine de cancers de la prostate
mais cela reste encore à prouver.
·
Les phtalates qu’on peut trouver dans pratiquement tous les objets
en PVC, peuvent aussi provoquer des cancers et notamment des tumeurs
testiculaires.
De plus, ils sont suspectés dans l’augmentation du diabète et également comme
cause de troubles du développement, du comportement et de l’apprentissage chez
l’enfant et l’adolescent.
Cependant l’estimation des effets des PE sur la santé humaine est rendue très difficile,
il y a donc plusieurs problèmes qui se posent :
·
Le fait d’être exposé fortement à un PE à court terme est-il plus
dangereux que lorsqu’on est faiblement exposé à long terme ?
·
Être exposé à des mélanges de PE amplifient-ils leurs effets ?
L’importance
de la période d’exposition :
La toxicité
des PE ne dépend pas de la quantité de produit présente dans l’organisme mais
dépend de l’étape du développement auquel l’organisme est pendant l’exposition
: différemment des produits chimiques les PE causent des dégâts en fonction de
la période d’exposition et non de la dose ingérée. Les fenêtres de
vulnérabilité au cours de la vie sont :
·
La vie prénatale
·
La petite enfance
·
La puberté
Les
personnes les plus menacé par les PE, sont donc les enfants et peut-être plus
encore les femmes enceintes16, pour deux motifs :
·
Le fœtus et l’embryon ne possèdent pas encore de rétrocontrôle
hormonal, ils ne peuvent donc pas réguler naturellement le taux d’hormones
sécrétés par leur organisme.
·
La formation et le développement des organes ainsi que la
détermination du genre s’effectue grâce à la distributions massives d’hormones
naturelles essentiels qui ne doit pas être dérangé par un apport extérieur en
PE.
Retard des
symptômes :
Par
ailleurs, l’intoxication aux PE sur la durée est susceptible de ne montrer les
premiers symptômes de pathologies graves que quelques dizaines d’années plus
tard. Si quelqu’un a été exposé durant l’état embryonnaire par le sang à
certains pesticides, il risque à l’âge adulte de développer un cancer des
testicules ou de souffrir d’un dysfonctionnement de ses fonctions
reproductives.
De plus les effets sont potentiellement transgénérationnels, particulièrement
la fertilité et le développement normal de l’appareil génital.
Ceci est le
cas du distilbène, un médicament synthétique de propriétés œstrogéniques
puissantes. Les sujets femmes dont les mères s’en étaient vues prescrire
pendant leur grossesse se sont trouvés particulièrement sujettes au cancer du
vagin, à des malformations de l’appareil reproducteur, à des grossesses
anormales et à des perturbations de la réponse immunitaire. Les femmes ainsi
que les hommes qui ont été exposés durant leur vie prénatale à ce médicament
ont des chances de contracter une baisse de la fertilité et des anomalies
congénitales de l’appareil reproducteur.
Si la fertilité d’une espèce animale est ainsi mise à mal, elle risque de
disparaître définitivement, au détriment de la biodiversité.
·
Effet cumulatif
Compte tenu
de la multitude de produits contenant des PE et leur disponibilité dans
l’environnement, la population est potentiellement exposée à une certaine
molécule de nombreuses fois et la probabilité que cette molécule provoque des
effets néfastes est d’autant plus grande, c’est l’effet cumulatif. C’est
d’ailleurs le cas pour le triclosan, un biocide organochloré présent dans
beaucoup de produits du quotidien comme les dentifrices ou les déodorants. Les
personnes qui suivent un régime alimentaire favorisant, par exemple, la
consommation de fruits et légumes issus d’une agriculture non biologique, sont
exposés à des risques accru à cause des pesticides. Même à faible dose, la
fréquence d’exposition augmente la vulnérabilité du sujet aux effets des PE.9
·
Effet cocktail
Les
mélanges de deux ou plusieurs molécules différentes (phytosanitaires, biocides
et/ou contaminants environnementaux) présentes dans un seul produit de
consommation ou dans des produits consommés en même temps peuvent avoir des
modes d’actions qui s’additionnent ou synergiques accroissant fortement le
risque de subir des effets néfastes.
Prévention
Il s’agit
de mettre en œuvre un dispositif de prévention cherchant à limiter l’exposition
aux PE ou mieux encore, supprimer les risques liés à ces substances plus
particulièrement chez les personnes vulnérables soit les femmes
enceintes/allaitantes ou en âge de procréer mais aussi les nourrissons et les
jeunes enfants.
En effet,
le 12 mai 2016, l’association Alerte des
Médecins sur les Pesticides (AMP) qui réunit 1600 membres a lancé une campagne
visant à avertir cette partie de la population sur les risques liés aux PE
(phtalates, parabènes, bisphénol…)
En région du limousin, l’association a envisagé de placer des affiches
dans 1 500 cabinets médicaux, accompagnés de brochures fournissant des conseils pour se prémunir au mieux contre ces
perturbateurs).26
Cette
organisation a également établi une liste délivrant des gestes visant à réduire
au mieux ces risques dans plusieurs domaines dont l’alimentation
étant l’une des principales sources d’exposition aux PE. En effet, elle conseille notamment de privilégier
les aliments issus d’agricultures biologiques, bien rincer les aliments tels
que les fruits et légumes avant consommation notamment pour les femmes
enceintes afin d’enlever toute trace de pesticides pouvant être nuisibles au
fœtus. D’autre part, le soja étant une
culture nécessitant une grande quantité de pesticide est déconseillé pour la
consommation chez la femme enceinte et jeunes enfants.
En outre,
Il faut éviter le contact d’aliments chauds avec toutes sortes de plastiques en
particulier pour réchauffer au micro-ondes ainsi que l’utilisation des
bouteilles d’eau en plastique durant une grande période. En effet, le plastique
des bouteilles libèrerait des PE qui sont susceptibles de contaminer l’eau.
Donc plus le temps de contact sera faible, plus la détérioration de la
bouteille sera faible.
Il est également nécessaire d’éviter l’utilisation des emballages en plastique
contenant du polychlorure de vinyle (PVC), du polystyrène, et du polycarbonate
mais aussi les boîtes de conserves et les cannettes de boissons. En effet, ces
dernières sont constituées d’un revêtement
intérieur en plastique contenant du bisphénol. En 2015, le bisphénol A jugé par
l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments comme étant une substance cancérogène et toxique pour la reproduction
humaine a été interdit en France dans tous les contenants alimentaires de
denrées ainsi que dans les biberons en France, depuis 2010.
Cependant les bisphénol S et F, que l'on retrouve dans les emballages
plastiques et papiers thermiques tel que les tickets de caisse, qui sont
toujours autorisés, présenteraient également des effets sur la santé mais moins
néfastes d’après une méta-analyse de 2015.25
Par
conséquent, il vaut mieux privilégier les récipients en verre notamment pour la
conservation d’aliments. Ces règles de prévention sont aussi à prêter attention
pour les ustensiles de cuisine tels que les passoires et les moules de
gâteaux en plastiques qui contiennent des PE.
D’autre part, les substances chimiques qui ont été interdites dans certains
pays industrialisés sont exportées vers d’autres pays notamment en voie de
développement où les normes de sécurité sont moins strictes (cf figure 3)29.
Les conséquences pourraient être malheureusement très graves pour ces pays.
De plus,
nous avons eu l'opportunité d'avoir un rendez-vous téléphonique avec Christophe
ROUSSELLE, Chef d'Unité Evaluation des Substances Chimiques à la Direction de
l'Evaluation des Risques chez ANSES-Agence nationale de sécurité sanitaire de
l’alimentation, de l’environnement et du travail. L'ANSES fait partie d'un des
trois axes d'étude vis-à-vis de la Stratégie Nationale sur les Perturbateurs
Endocriniens (SNPE), permettant l'expertise de 5 substances par an. Ce
professionnel nous a permis de confirmer les informations contenues dans notre
article, obtenues via internet.
Ainsi, nous
avons pu voir que les PE sont des substances chimiques nocives pour la santé.
En effet, ces différents effets prouvés scientifiquement ont des répercussions
sur les système hormonal qui induisent de nombreuses maladies
hormono-dépendantes. Cependant, des mesures préventives ont été prises afin
d’informer et de réduire les risques engendrés.
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le 20/03/2017]
27.
Figure 1 : Tableau des différents perturbateurs endocriniens
réalisé par le groupe du projet
28.
Figure 2 : Soja contenant un perturbateur endocrinien : les
phyto-œstrogènes,
source :
ASSOCIATION MANGER SANTE BIO.. http://www.mangersantebio.org/2147/comment-faire-ses-germinations-et-ses-pousses
[Consulté le 31/05/2017]
29.
Figure 3 : Ignorance de l'Etat vis-à-vis de l'impact néfaste des
PE sur la santé,