Cyborgs : où en est la France ?

ABDELOUHABI Myriam, ABIDALLAH Mabrouka, BASTIAN Jessica, DE CASTRO Laurie, DESVIGNES Marie et TAPIN Yohan


Le mot cyborg est la contraction de «cybernetic organism». Ils représentent par définition des êtres humains dont les capacités ont été améliorées grâce à des éléments biomécaniques. L’idée de cyborg s’est initialement développée en science-fiction, où ils sont souvent idéalisés pour leurs capacités surhumaines. On peut prendre comme exemple le personnage de Togusa dans le manga Ghost in the Shell qui est équipé d’un cyber-cerveau qui améliore ses capacités intellectuelles. Une question reste, quelle est la véritable définition d’un cyborg et quelles sont ses limites ? (5)

HISTOIRE DES CYBORGS

La notion de cyborg apparaît au XIXème siècle dans les romans d’Edgar Allan Poe, qui décrivait un homme doté de prothèses mécaniques dans The man that was used up datant de 1839. Entre temps, l’idée a fait son chemin et les cyborgs, ainsi que les robots, sont devenus très populaires grâce à des œuvres ou personnages tels que Terminator, Robocop , l’Homme qui valait trois milliards ou encore le récent I Robot. Si ces célèbres films posent la question de la limite de l’humanité d’un point de vue technique, des ouvrages tels que la série des Robots d’Isaac Asimov cherchent la limite qui existe entre l’Homme et la machine en parlant de « conscience artificielle » qui est celle du robot en posant toutes les questions philosophiques et éthiques que cela implique

LES CYBORGS AUJOURD’HUI

Aujourd’hui, l’avancée scientifique essaye d’améliorer la condition humaine grâce à des prothèses (objet pour compenser un handicap) par exemple. Ces dernières ont été élaborées dans un but médical mais sont presque considérées comme une « cyborgisation » puisqu’elles aident des personnes en difficultés comme avec des problèmes de vue ou en cas d’amputation. Ainsi la notion de cyborg rentre aujourd’hui dans le domaine scientifique de l’anthropotechnie qui tente d’améliorer l’humain. (1)
De nos jours, améliorer la santé, augmenter nos capacités intellectuelles et allonger l’espérance de vie sont devenus un enjeu pour l’humanité. Les cyborgs ne sont plus fictionnels mais bel et bien réels et ancrés dans l’avancée scientifique. Les prothèses sont de plus en plus discrètes et efficaces, elles permettent de remplacer voire de surpasser un membre disparu ou un organe défaillant. (3)
Les progrès technologiques et les greffes mécaniques pouvant donner de nouvelles capacités à l’Homme permettent l’appellation « transhumanisme ». On cherche à pallier les faiblesses ou les limites naturelles comme les maladies, le handicap, la vieillesse ou même la mort.
Les recherches actuelles dans le domaine sont nombreuses et touchent plusieurs secteurs comme la médecine, la robotique, la cybernétique, les nanotechnologies ou encore les biotechnologies. L’utilisation de pacemaker, de lunettes ou de systèmes auditifs laisse penser à une amélioration de l’Homme alors qu’il s’agit plus d’Homme « réparé ». (2)
Il existe désormais le cybathlon ou les personnes amputées et handicapées participent à des épreuves sportives.
Beaucoup de questions se posent sur le devenir des cyborgs. Les avancées scientifiques et les nouvelles technologies ouvrent la porte que les rêves les plus fous seraient réalisables. Les prothèses artificielles sont déjà plus performantes que nos organes, théoriquement, alors on peut imaginer qu’elles le seront encore plus dans les années à venir.

LES CYBORGS DE DEMAIN

Dans le futur, il ne paraît pas inimaginable d’avoir des poumons, des cœurs ou encore des foies synthétiques immunisés contre les pathologies et dont les fonctions seront mieux remplies que leurs prédécesseurs organiques, il paraît aussi imaginable d’avoir des puces ou des implants qui remplaceront nos téléphones ou nos ordinateurs. (4)
           
PROBLEMES ASSOCIES

Les prothèses biomécaniques associées aux cyborgs impliquent divers problèmes éthiques, philosophiques, biologiques et physiques.
Pour les problèmes physiques et biologiques, on se rend compte qu’une prothèse artificielle doit répondre à un grand nombre de critères pour pouvoir être parfaitement intégrée au corps, pour être en harmonie avec le reste de l’organisme et donc pour éviter un éventuel rejet.
Tout d’abord, un organe artificiel doit être entièrement compatible avec l’organisme humain. Il faut donc favoriser les biomatériaux. Ce sont des matériaux non vivants, d’origine naturelle ou synthétique qui sont destinés à interagir avec les systèmes biologiques.
Ensuite, il doit se rapprocher au maximum de l’organe qu’il est censé remplacer, d’un point de vue anatomique mais aussi physiologique. Il doit assurer, au minimum, les mêmes fonctions dans l’organisme que celui-ci. Il peut dans un meilleur cas, assurer des fonctions supplémentaires.

On peut d’abord parler de Oscar Pistorius (voir figure n°1), un athlète sud-africain né sans péronés, qui a posé un véritable problème aux membres du comité olympique en 2008, lors des jeux olympiques de Pékin. Ses prothèses en fibre de carbone conçues spécialement pour l’handisport, auraient constitué un avantage (gain de 10 secondes sur 400 mètres) selon les membres du comité, et cela aurait donc été une injustice par rapport à ses concurrents. En revanche, elles lui font défaut lors des départs et des virages. Cet avantage aurait posé problème en cas de victoire, avec une humiliation sur le regard de l’idéal de l’homme porté par les jeux olympiques. Le comité a d’abord empêcher Pistorius d’être sélectionné parmi les Hommes dépourvus d’artifices, cependant, les arguments n’ont pas tenu longtemps et Pistorius a pu courir avec les valides en 2012. 

Figure n°1 :

Oscar Pistorius durant un évènement sportif Islandais à Kopavogur en 2007.
Publié par Elvar Palsson
Souce : : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a3/Oscar_Pistorius.jpg


Autre exemple, celui d’un jeune autrichien ayant perdu l’usage de son bras droit au travail. Il décide de le faire amputer afin de le remplacer par une prothèse bionique avancée, reliée à son cerveau et commandée via des signaux électriques. Si remplacer un membre invalide par une de ces prothèses ne semble pas poser de problème. Le cas pourrait, malheureusement, s’étendre à des personnes valides (notamment les sportifs) afin d'accroître leurs capacités. (8)
Puis, le cas d’Aimee Mullins, une actrice et athlète américaine née sans jambes. Elle a percé dans le milieu du sport et du mannequinat grâce à des prothèses très perfectionnées. Le réalisme de ses prothèses est très grand (reliées au système nerveux, couvertes de chair). Elle dit dans le documentaire « un Homme presque parfait », que l’idée qu’une amputation volontaire, tentera bientôt de nombreux candidats, car le désir de se dépasser et les pressions économiques pourraient se conjuguer pour donner envie à certains d’échanger leurs jambes contre des prothèses perfectionnées.
Enfin, un reportage sur des nouvelles prothèses a été diffusé sur la télé Suisse, traitant le cas de deux hommes, dotés d’une prothèse de jambe, et qui descendent les escaliers : l’un dévale les marches comme une personne valide tandis que l’autre claudique en équilibre un peu instable. Le premier, a pu s’offrir un genou électronique dernier cri, alors que le second, n’a pu obtenir qu’une prothèse mécanique pour remplacer sa jambe perdue à la suite d’une tumeur osseuse. Ce reportage dénonce les inégalités et dévoile l’influence de la situation financière sur la qualité des prothèses. Bientôt, un grand nombre de personnes seront implantées, ou hybridées avec diverses machines. Il est difficilement concevable que l’Homme puisse être assez imprudent pour donner les moyens aux machines de prendre le dessus sur notre espèce de quelque manière qu’il soit, mais la soif de pouvoir, de curiosité laisse planer un grand nombre de possibilités. (6)

AVANCEE SCIENTIFIQUE : EXEMPLE DU CŒUR CARMAT

Le cœur Carmat a été initié par le professeur Alain Carpentier reconnu pour le développement des valves cardiaques.
Leur but est le développement d’organes artificiels évolués. Leur projet principal est le “Cœur Carmat” (voir figure n°2). Au point de vue pathologique, l’insuffisance cardiaque se traduit par une mauvaise irrigation des organes et une action altérée de son rôle de pompe du sang.  Les causes de cette insuffisance sont multiples comme l’hypertension artérielle et les maladies coronaires principalement.  Cette maladie peut devenir très grave voire mortelle dans la majorité des cas. Les traitements sont nombreux et variés, on y trouve des médicaments, de la chirurgie soit la revascularisation ou encore l’assistance circulatoire mécanique. En revanche à un stade avancé, le seul traitement est la greffe d’un cœur sachant qu’il y a moins de 4.000 donneurs disponibles par an dans le monde entier pour 100.000 patients.  Etant donné que les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité dans le monde, ce laboratoire cherche à limiter le nombre de greffons. Il faut savoir que d’un point de vue économique, l’insuffisance cardiaque est sujet à un problème de santé publique car “plus de 6 millions d’Américains et 15 millions d’Européens en sont atteints. Plus de 40% des patients décèdent dans l’année suivant la première hospitalisation”. Tous ces facteurs entraînent énormément de dépenses notamment due aux hospitalisations. Le cœur Carmat à un prix similaire à une transplantation classique soit 160 000 euros. En revanche,” Il s’adressera aux plus de 100 000 patients éligibles atteints d’insuffisance cardiaque bi-ventriculaire irréversible”. Au point de vue technologique, il faut prendre en compte plusieurs critères permettant la viabilité de cette prothèse notamment limiter les thromboses, obtenir un poids et un volume adaptés au plus grand nombre de patients. Il faut que la prothèse soit autonome pour permettre au patient de suivre une vie normale et également qu’elle soit durable. Après 15 années de recherches, cette prothèse remplit ces critères. Par ailleurs, le cœur Carmat doit remplir certaines exigences physiologiques comme la forme et le poids, d’après leurs statistiques ce cœur s’adapte à plus de 65% des patients dont 85% d’hommes. Egalement, il doit s’adapter aux besoins physiologiques du patient grâce à capteurs de pression et de position, électronique de contrôle totalement embarquée pour une régulation automatique en débit et en fréquence. L’hémocompatibilité, biostabilité, et l’absence de thrombogénicité sont résolues par le choix de matériaux s’adaptent aux surfaces en contact avec le sang ; quant à l’efficacité et durabilité équivalentes à celles d’une transplantation, des tests fonctionnels et d’endurance drastiques ont été effectués pour un objectif de durabilité qui est de 5 ans. En effet, c’est une prothèse implantable incluant un raccordement à l’alimentation électrique composé de systèmes externes soit un système d’alimentation, de suivi et de contrôle à l’hôpital pour la période post-opératoire et les consultations ultérieur en et un système d’alimentation et de communication portable ou porté pour le retour à domicile du patient. Enfin pour ce qui est des essais cliniques, une première phase dont le panel de patients est réduit soit 4 consiste à “tester la sécurité de la prothèse et dont les critères d’évaluation seront la survie à 30 jours du patient ou sa conduite éventuelle vers la transplantation”. Une deuxième phase est mise en route pour un panel de 20 patients cette fois-ci, pour “des aspects plus qualitatifs d’efficacité et permettra de collecter des données précises sur l’amélioration fonctionnelle, la réhabilitation des organes, la qualité de vie, le confort du patient’’. (7)

 Figure n°2 :
Réalisé par ABDELOUHABI Myriam et BASTIAN Jessica


Nous avons eu l’opportunité d’interroger Mr André Maulet, chef de projet au sein du laboratoire Carmat, afin de recueillir sa vision sur ce coeur artificiel. Son témoignage est le suivant : “ Le cœur artificiel total Carmat est le seul au monde à présenter des matériaux biologiques en contact direct avec le sang. Ces matériaux se caractérisent par une absence de réaction de rejet et une anticoagulation allégée. Il est plus performant qu’un cœur naturel car quasiment sans fatigue, résistant aux infections, infarctus et aux médicaments. Les études de fiabilité du système nous fournissent une valeur de 9 ans d’espérance de vie du patient. Les efforts portent sur la réduction du volume de ce cœur ainsi que sa consommation électrique afin de rendre plus de personnes éligibles à une implantation. La baisse de consommation permettra une autonomie augmentée et le projet de batteries intégrées vise à supprimer le câble transcutanné. L’implantation d’un cœur artificiel chez l’enfant n’est pas faisable étant donné les processus de croissance. De nouveaux travaux sont en cours pour réduire le volume du dispositif afin d’augmenter le nombre d’implantation chez les femmes à l’avenir.” Il nous a ensuite fourni son opinion plus personnelle sur les bioprothèses : “Je pense que les bioprothèses ont un avenir de plusieurs dizaines d’années avant que les cellules souches soient suffisamment maîtrisées. De ce fait le cœur Carmat existera dans 20 ans d’une manière encore plus intégrée dans le corps et en exploitant par exemple le taux d’oxygène dans le sang pour alimenter d’autres boucles de régulation. L’objectif de réalisation de notre dispositif est de compenser le manque de donneur d’organes. La culture cellulaire est sans doute l’avenir de l’Homme car la mécanique et l’électronique vont mimer de plus en plus parfaitement le vivant mais resteront toujours des corps étrangers. Il faudra pour cela de très longues études qui ne porteront leur fruit qu’après plusieurs décennies.


La notion d’un cyborg a donc bien évolué depuis le 19e siècle et n’appartient plus à la science-fiction. Les scientifiques ont mis en œuvre des prothèses biomécaniques afin de donner des conditions de vie meilleures pour certaines personnes comme les hypermétropes ou amputées. Nous avons pris l’exemple du laboratoire Carmat, ayant présenté leur coeur artificiel qui est une marche en avant pour battre les maladies cardiovasculaires. Cependant, avec les avancées technologiques, beaucoup souhaitent que les prothèses soient développées pour augmenter nos capacités et non plus pour compenser une faiblesse. Arrivera-t-il qu’un jour la mécanique fasse partie de notre corps et amplifie nos aptitudes humaines ?





BIBLIOGRAPHIE:

8.     [s.n] “Cyborgs”. WIkipédia, l’encyclopédie libre, Contenu sous licence CC-BY-SA 3.0 [en ligne], consultée le 12 Mars 2017, disponible sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Cyborg