Pilules de 3ème et 4ème générations : une polémique qui remue le monde de la contraception


Helena BENESTI, Noémie BRASSARD, Juliette BREHAT, Laure CORNEMENT, Etienne DELANGRE,  Liliya GRUSHUK, Xuân-Th NGUYEN


Préservatifs, implants, patchs ... Parmi les 13 méthodes de contraception dont nous disposons, la pilule est la plus utilisée par les françaises à 55,5% en 2010 [1].
La pilule est une contraception hormonale féminine sous forme de comprimé. Elle s'administre de manière orale et quotidienne, et ne protège pas des infections sexuellement transmissibles (IST).

Il existe deux types de pilules :

- La pilule combinée supprime l'ovulation. Elle contient des dérivés de l'œstrogène et de la progestérone qui sont des hormones sexuelles produites par les ovaires.
- La pilule progestative, comme son nom l'indique, ne contient que le progestatif. En fonction de celui-ci, elle peut supprimer ou non l'ovulation.

En terme d'efficacité, les deux pilules sont égales (97-99%). Elles sont prescrites par un médecin et délivrées sur ordonnance en pharmacie. En fonction de leur composition en principe actif, les pilules sont classées en générations. [2]

Effets secondaires, risques, certaines sont la cible d'un déferlement médiatique. Notre article traitera des pilules de troisième et quatrième générations qui sont au centre d'un débat animé suite à plusieurs accidents vasculaires. Les risques liés à ces pilules seraient deux fois plus importants par rapport aux pilules des générations précédentes.
               

HISTORIQUE


La première pilule, Enovid, a été mise au point par le Dr Gregory Pincus en 1956, aux Etats-Unis, à partir d'une combinaison de progestérone et d'œstrogène synthétiques. Sa vente sera autorisée en 1960, et en France en 1967. [3] Mais les pilules contraceptives sont en constante évolution. On compte aujourd'hui quatre générations de pilules.

La première génération regroupe les pilules commercialisées dans les années 60. Elles étaient principalement composées d'œstrogène. Aujourd'hui, il n'en reste plus qu'une en France, la Triella. La deuxième génération est apparue dans les années 70 et 80. Elle met en œuvre des progestatifs comme le lévonorgestrel ou le norgestrel, ce qui permet de réduire les proportions d’œstrogène, et ainsi de diminuer certains effets secondaires des pilules de la génération précédente. Dans les années 90 apparaît la troisième génération de pilules, qui sont cette fois-ci composées de trois nouveaux progestatifs : le désogestrel, le gestodène ou le norgestimate. La quatrième génération est la dernière à émerger, avec un nouveau progestatif, la drospirénone. [4]


L’APPAREIL GENITAL FEMININ

L’appareil génital féminin est composé des ovaires, des trompes de Fallope, de l’utérus et du vagin. Chaque organe a une fonction bien définie. Leur activité aboutit à l’implantation d’un embryon dans la paroi utérine si la fécondation a eu lieu. [5][6]



Les ovaires, au nombre de deux, produisent des ovules. Lorsqu’un ovule est libéré et capté par la trompe à laquelle il est relié, on parle d’ovulation. Les ovulations interviennent de la puberté à la ménopause, au 14ème jour (approximativement, en fonction de la femme) de chaque cycle menstruel. Cet ovule libéré pourra être fécondé. Les ovaires ont également une activité sécrétrice. Les glandes mixtes sécrètent de la progestérone et des œstrogènes. Ce sont ces hormones qui sont la base des compositions des pilules contraceptives.

Les trompes de Fallope sont des conduits qui relient chaque ovaire à l’utérus. C’est dans celles-ci que passent les ovules lors de l’ovulation grâce aux pavillons qui les captent. Dans ces trompes, les spermatozoïdes vont rencontrer et peut-être féconder l’ovule sécrété. Elles sont donc l’organe où a lieu la fécondation. L’ovule se déplace vers l’utérus grâce à l’épithélium cilié recouvrant la paroi interne des trombes et aux mouvements de la muqueuse. L’activité des cils est augmentée par les œstrogènes.

L’utérus est la poche dans laquelle se développe l’embryon qui doit s’implanter au niveau de l’endomètre (c’est-à-dire la couche interne de l’utérus). L’endomètre s’épaissit lors du cycle de la femme, aidant l’ovule fécondé à s’accrocher à cette paroi aux alentours du 14ème jour (phénomène de nidation). S’il n’y a pas eu de fécondation, la couche superficielle de l’endomètre, véhiculée par une perte de sang, est désagrégée progressivement et évacuée par l’utérus. C’est les menstruations (règles). L’endomètre est sensible aux hormones telles que les œstrogènes. C’est donc la cible des pilules contraceptives. En effet, les hormones de synthèse ne joueront pas le rôle des hormones naturelles, ce qui annulera l’épaississement de l’endomètre et la nidation de l’ovule fécondé. [7]

L’utérus est également constitué du col de l’utérus, fermé par du mucus, perméable aux spermatozoïdes lors de la période de fécondité et imperméable lors de l’infécondité. C’est à ce niveau que se faire la séparation entre l’utérus et le vagin. Celui-ci est un conduit tubulaire. C’est l’organe majeur de la sexualité, permettant le passage des spermatozoïdes vers l’utérus.


FONCTIONNEMENT BIOLOGIQUE DE LA PILULE

La pilule est composée de molécules de synthèse imitant l’œstrogène et la progestérone qui sont des hormones agissant naturellement sur l’appareil reproducteur de la femme. La pilule apporte ces hormones à un taux comparable à celui qu’aurait une femme enceinte, et cela va perturber le cycle menstruel normal. Ces molécules de synthèse vont exercer un rétrocontrôle sur le complexe hypothalamo-hypophysaire (comme pourrait le faire l’œstrogène et la progestérone) [8]. Ainsi, la FSH et la LH vont rester à un taux très bas. Ces hormones hypophysaires vont par conséquent avoir une action diminuée sur les ovaires qui ne vont produire qu’en petite concentration l’œstrogène et la progestérone naturels.
Ces perturbations hormonales aboutiront à une infertilité temporaire et remédiable.

Tout d’abord, le pic de LH qui provoque normalement l’ovulation au quatorzième jour du cycle menstruel sera inhibé. Sans cette ovulation, la rencontre entre un ovaire et un spermatozoïde est impossible [8], [9].

De plus, l’augmentation de la production d’œstrogène à partir du 8ème jour du cycle et celle de la progestérone à partir de l’ovulation (due à la dégénération du corps jaune) permettent normalement l’épaississement de la muqueuse utérine (endomètre) et favorisent ainsi l’implantation d’un ovule fécondé. Sous contraceptif, ces variations n’auront pas lieu et l’endomètre sera impropre à la nidation [8], [9]. En plus de toutes les conséquences citées précédemment, ces modifications hormonales vont rendre la glaire épaisse, ce qui va bloquer le passage des spermatozoïdes.[8], [9]


POLEMIQUE : RETOUR SUR LES FAITS

De nos jours, les femmes disposent d’un vaste choix de pilules. Encore faut-il connaître les spécificités et dangers qui sont liés à chacune d’elles. Ces derniers mois, les pilules de troisième et quatrième générations sont au centre de l’attention. Retour sur un débat qui laisse de nombreuses femmes dans le doute ...

Tout commence réellement le 14 décembre 2012 : Marion Larat, jeune femme de 25 ans, dépose une plainte contre les laboratoires Bayer pour « Atteinte involontaire à l’intégrité de la personne humaine » suite à un sévère accident vasculaire cérébral qui la prive aujourd’hui de 65% de ses capacités intellectuelles. [10] Durant 4 mois, elle utilisait Méliane, une pilule de troisième génération, qui serait considérée comme responsable direct de cet accident. Depuis, plus de trente femmes ont également engagé des procédures judiciaires contre des laboratoires commercialisant les pilules de troisième et quatrième générations. Suite à ces accusations en Janvier 2012, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) révélait le risque d’un traitement employé pour son effet à la fois anti-acnéique et contraceptif : Diane 35, coupable de 4 décès en 25 ans. Mise sur le marché depuis 1987, c’est 315 000 femmes qui usaient de ce moyen de contraception en 2012. [11][12]


DES EFFETS SECONDAIRES PROUVÉS

Toutes les femmes le savent : en choisissant la pilule comme contraceptif, elles acceptent, en toute connaissance de cause, les effets secondaires qui peuvent survenir. Ceux-ci incluent le gonflement des seins, une prise de poids, des nausées, des migraines, mais aussi des troubles vasculaires et des thromboses veineuses ou artérielles.

Chaque nouvelle génération de pilules était censée réduire les effets secondaires des générations précédentes. La troisième génération devait, par exemple, atténuer l’acné et diminuer les risques cardio-vasculaires [4]. Mais la première alarme est sonnée en 1995, quand l’organisme de pharmacovigilance britannique révèle un risque d’accident thromboembolique deux fois plus grand avec des pilules de troisième et quatrième générations qu’avec des pilules de deuxième génération. [12], [13]

De plus, le risque d’une thrombose veineuse est maximal au début de l’utilisation de la pilule, c’est-à-dire au cours de la première année, ou même des premières semaines. Ce risque est accru avec les antécédents familiaux et l’hygiène de vie de la patiente (surpoids, tabagisme, sédentarité). De plus, la thrombose veineuse peut s’aggraver et provoquer une phlébite, ou même une embolie pulmonaire. [13], [14]

Une seconde enquête britannique parue en 2009 a permis de classer les risques thromboemboliques veineux selon le progestatif. Cette étude permet de démontrer que suite à la prise d’une pilule de troisième génération les risques sont jusqu'à 5,58 fois plus importants que sans contraception orale. Pire encore pour une pilule de quatrième génération où les risques sont multipliés par 7,9. Depuis, d’autres études, portant notamment sur une vaste cohorte danoise, sont venues confirmer l’excès de risque. [12]

Les médecins doivent donc prescrire une pilule à une patiente en fonction de ses antécédents familiaux et personnels, de son tabagisme et de son état de santé (tension, glycémie, etc.). [15]


CE QUE DISENT LES AUTORITÉS

La première autorité sanitaire en France à réagir face à l’excès de risques thromboemboliques est la commission de transparence de la HAS (Haute Autorité de Santé), qui évalue les médicaments en vue d’un remboursement concernant les pilules de troisième génération. Dès 2007, elle conseille de ne plus les prescrire de prime abord. Malheureusement, peu de progrès ont été observés, comme le déplore Gilles Bouvenot, président de la commission de transparence HAS : « Mais notre position n’a pas eu d’impact ». Cette commission émet ainsi un nouvel avis en juin 2012, qui cette fois-ci est intransigeant : « Les nouvelles données disponibles ne permettent même plus de positionner les contraceptifs oraux de troisième génération en deuxième intention ». Plus nuisible et n’apportant rien de plus par apport aux précédents, ils ne méritent même plus d’être remboursés. Quant aux pilules de quatrième génération telles que Jasmine, Jasminelle ou Yaz, elles ne sont pas concernées par ce postulat puisqu’elles ne sont pas encore remboursées. [14]                                                            

Mais ce n’est que le 1er Octobre que l’ANSM encourage fortement de prescrire en première intention un contraceptif de deuxième génération. [12] Le ministère de la santé soustrait par la suite la HAS pour une expertise de toutes les méthodes de contraception. Mais pour le professeur Bouvenot, le message est clair : « Les pilules de troisième et quatrième générations ont une place extrêmement restreinte, seulement pour les femmes qui ne toléreraient aucune autre contraception ».

Docteur Planty, gynécologue, prescrit couramment des pilules de troisième et quatrième génération à ses patientes. Malgré les polémiques, elle explique que ces pilules sont parfois mieux adaptées à certaines femmes que les pilules de deuxième génération. Elle n’observe pas plus de plaintes ni de symptômes caractéristiques (acné, saignements, maux de tête, douleurs dans la poitrine…) chez les patientes qui utilisent les pilules de troisièmes et quatrième génération que chez celles qui utilisent les pilules de deuxième génération. Cependant le docteur Planty privilégie ces dernières, quitte à changer pour une troisième ou quatrième au besoin. Par ailleurs, celles-ci ne sont pas remboursées par la sécurité sociale. De plus, les gynécologues ont reçu des directives afin de favoriser la prescription de pilules de deuxième génération.

D’autres gynécologues préfèrent ne pas prescrire de pilules de troisième et quatrième génération, dû au manque d’études sur les effets au long terme.


CONSEQUENCES

Ce scandale ne demeure pas sans réaction. En effet, ces derniers temps, le stérilet détrône la pilule. Si la vente globale de contraceptifs en 2013 n’a pas changé par apport à l’année précédente, les femmes ont considérablement modifié leur usage contraceptif depuis le tôlé qu’ont généré les pilules de troisième et quatrième générations. En effet, l’utilisation de ces contraceptifs oraux a chuté de 45% en 1 an, quand celle des pilules de première et deuxième générations a augmenté de 30% et celle du stérilet de 47% selon les dernières données de l’ANSM. [12]


CONCLUSION

La pilule reste sans doute le moyen de contraception le plus utilisé aujourd'hui. Composée de molécules synthétiques agissant comme des hormones féminines mais avec une plus forte intensité, elle perturbe le cycle menstruel de la femme et rend la fécondation impossible. Facile d'utilisation, assurant la plus grande efficacité parmi tous les moyens de contraception (97-99%), la pilule a connu un succès croissant durant quelques décennies suivants sa mise sur le marché.      
                                                                                                                   
              Après la commercialisation des pilules de troisième et quatrième générations, les effets secondaires n'ont pas tardé à apparaître. Les nouveaux risques, beaucoup plus graves que ceux liés aux pilules des générations précédentes ont fait l'objet de la polémique durant quelques dernières années. On a vu que ces risques sont réels car confirmés par les faits : les accidents vasculaires, les thromboses veineuses avec des complications possibles en phlébite ou embolie pulmonaire, et même les décès.

Finalement, suite aux polémiques, ces pilules ont perdu de leur notoriété, et sont maintenant fortement déconseillées par les organismes de la santé. L'utilisation des pilules de troisième et quatrième générations a chuté de 42% en un an, et elles sont de moins en moins prescrites par les gynécologues. Actuellement, elles occupent une place très restreinte, seulement chez les femmes auxquelles aucun autre moyen de contraception ne convient.

Ne possédant pas d'avantages considérables par rapport aux pilules de première et deuxième générations et présentant de réels dangers pour la santé de nombreuses femmes, les pilules de troisième et quatrième générations sont désormais en chute de popularité. La question qu'on pourrait se poser aujourd'hui est : Doit-on poursuivre la vente de ce moyen contraceptif qui provoque tant d'effets secondaires ? Et si on continue de les prescrire, serait-ce possible de diminuer les risques d'accidents dus à leurs utilisation ? De diminuer le nombre d'effets secondaires?


RÉFÉRENCES

[1] INPES, CONTRACEPTION : Les Françaises utilisent-elles un moyen de contraception adapté à leur mode de vie ?, http://www.inpes.sante.fr/70000/dp/11/dp111026.pdf (consulté en mars 2014)

[2] Choisir sa contraception, La pilule, http://www.choisirsacontraception.fr/moyens-de-contraception/la-pilule/ (consulté en mars 2014)

[3] 8 Mars, Invention de la pilule contraceptive http://8mars.info/invention-de-la-pilule-contraceptive (consulté en janvier 2014)

[4] LA PRESSE.CA, Des pilules contraceptives en constante évolution,  http://www.lapresse.ca/vivre/sexualite/201301/02/01-4607811-des-pilules-contraceptives-en-constante-evolution.php (consulté en janvier 2014)

[5] Le Figaro Santé, L'appareil génital féminin : Organes génitaux internes de la femme ?,  http://sante.lefigaro.fr/mieux-etre/sexualite/appareil-genital-feminin/oganes-genitaux-internes-femme (consulté en mars)

[6] Le Figaro Santé, Les ovaires : Qu'est ce que c'est ?, http://sante.lefigaro.fr/sante/organe/ovaires/quest-ce-que-cest (consulté en mars)

[7] Futura Sciences, Trompes de Fallope, http://www.futura-sciences.com/magazines/sante/infos/dico/d/biologie-uterus-3861/ (consulté en mars 2014)

[8]Doctissimo, Lescontraceptifshormonaux, http://www.doctissimo.fr/html/medicaments/articles/sa_4079_pilules.htm (Consulté en mars 2014)

 (Consulté en mars 2014)

[10] L'Express, Olivier V., VIDEOS. Pilule de 3ème et 4ème génération: le combat de Marion, L'Express, http://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/videos-pilule-de-3e-et-4e-generation-le-combat-de-marion_1291590.html (consulté en février 2014)

[11] Le Monde Santé, Le « scandale Diane 35 », antiacnéique détourné en pilule, Cabut S., Santi, P., http://www.lemonde.fr/sante/article/2013/01/28/le-scandale-diane-35-antiacneique-detourne-en-pilule_1815006_1651302.html (consulté en février 2014)

[12] ANSM, Pilules eostroprogestatives et risque thrombotique, http://ansm.sante.fr/Dossiers/Pilules-estroprogestatives-et-risque-thrombotique/Actualite/%28offset%29/0 (consulté en mars 2014)

[13] Santé médecine.net, Thrombose et pilules de 3ème génération : précisions du CNGOF, http://sante-medecine.commentcamarche.net/faq/8825-thrombose-et-pilules-de-3eme-generation-precisions-du-cngof (consulté en janvier 2014)

[14] Le prévention des grossesses non désirées : contraception et contraception d'urgence, Aubin C., Jourdain Menninger D., Dr. Chambaud, L., http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/104000049/0000.pdf (consulté en avril 2014)

[15] Santé médecine.net, Différences entre pilules de 1ère, 2ème, 3ème et 4ème génération, http://sante-medecine.commentcamarche.net/faq/9337-differences-entre-pilules-de-1ere-2eme-3eme-et-4eme-generations (consulté en janvier 2014)


Colorants alimentaires

Amandine APCHAIN, Rémi BELLON, Neelanzaly GARROUNAMOURDY, Sami KAZAZKaïna MAHMOUDI, Axelle TABLE

Les colorants alimentaires sont des additifs alimentaires très régulièrement utilisés par les entreprises. Cependant, leur emploi est rigoureusement réglementé par une législation qui leur est propre. Dans cette vidéo, nous vous proposons à travers quelques expérimentations de comparer les différents types de colorants alimentaires ainsi que leurs différentes utilisations dans les aliments de notre quotidien, ceci suivi de la synthèse d’un colorant : l’Orange II.





Références : 

Jacquot, Muriel ; Fagot, Philippe ; Voilley, Andrée; Berset, Claudette. Législation des colorants. In: La couleur des aliments : de la théorie à la pratique. ed by Tec & Doc-Lavoisier. Paris : 2011

EFSA.Colorants alimentaires.http://www.efsa.europa.eu/fr/topics/topic/foodcolours.htm (consulté en mars 2014)

DGCCRF. Additifs alimentaires.http://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Publications/Vie-pratique/Fiches-pratiques/Additif-alimentaire(consulté en mars 2014)

Christophe, MAGDELAINE.Les additifs alimentaires.http://www.notre-planete.info/ecologie/alimentation/additifs_alimentaires.php(consulté en avril 2014)

SCF.Colorants alimentaires. http://www.societechimiquedefrance.fr/produit-du-jour/colorants-alimentaires.html(consulté en avril 2014)

Sécurité humaine et animale : les insectes peuvent-ils y contribuer ?

JEGOUSSE Chloé, LARTIGUE Thomas, MIASSOD Ambre, NICOLAS Laurine, ZAVERSNIK Claire
1er Janvier 2014. L’ONU estime la population mondiale actuelle à 7,2 milliards d’habitants et annonce dans son nouveau rapport « Perspectives de la population mondiale : révision de 2012 » que l’on pourrait bien dénombrer 9,6 milliards d’êtres humains en 2050. Ainsi, pour relever les défis alimentaires et nutritionnels de demain, nous devons revoir ce que nous mangeons et nos méthodes de productions pour accéder dès à présent vers l’agroalimentaire de demain tout en respectant les normes du développement durable.

 Hier, aujourd’hui : et demain ?

Il y a moins d’un demi-siècle, la production agricole signait son apogée, permise principalement par la découverte et l’utilisation – abusives – d’engrais chimiques, de pesticides mais également d’antibiotiques, suivie des découvertes scientifiques telles que les OGM. La première conséquence fût positive ; une production efficiente permettant de répondre à la demande croissante en denrées alimentaires. Ce n’est que depuis quelques années que l’on prend conscience du côté sombre de la pièce. Comme l’épuisement des nappes phréatiques, dû à cette politique de production nécessitant trois fois plus d’eau. Ainsi que l'émission excessive des gaz à effets de serre qui a augmenté de plus de 70% entre 1970 et 2004 et qui contribue au réchauffement climatique.
D’ici quelques années, le niveau économique des pays en développement atteindra celui des pays développés actuels. Si l’on appliquait donc à cette future population le même rythme de consommation alimentaire qu’une population occidentale, les besoins mondiaux en eau et en viande se verraient multipliés par deux, ce qui nécessite pas moins d’un milliard d’hectare supplémentaire… L’objectif serait donc d’augmenter la production agricole de 70% pour un accroissement démographique de 35% !

De nombreux défis seront à relever avec cette population de plus en plus nombreuse, comme la possibilité de nourrir tout le monde dans un contexte de sécurité alimentaire.

Mais qu’est-ce donc que la sécurité alimentaire ? Apparu dans les années 1970, ce concept a vu son intérêt grandir au fil des années jusqu’à être le fondement, en 1996, du Sommet Mondial sur la Sécurité Alimentaire, organisé par la FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations). En a ainsi découlé une définition officielle de ce que l’on appelle Sécurité Alimentaire : « La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, la possibilité physique, sociale et économique de se procurer une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins et préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. » (FAO, 2006)

Cette notion s’établit ainsi sur quatre piliers qui sont la qualité, l’accès, la disponibilité et la stabilité. En effet, les aliments consommés doivent répondre à un besoin nutritionnel et satisfaire des critères sanitaires, sociaux et culturels. L’accès à cette alimentation adéquate nécessite d’avoir la possibilité de la produire ou de disposer d’un pouvoir d’achat conséquent. De plus, ces aliments doivent être disponibles dans des quantités suffisantes et approvisionnés périodiquement, le tout dans un contexte de stabilité, où chacun doit être en mesure d’accéder à tout moment à une alimentation convenable à sa subsistance.

Entomophagie

De nombreux moyens internationaux sont mis en œuvre pour garantir à chaque être humain cette sécurité alimentaire. Néanmoins en 2013, et avec la surproduction alimentaire que l’on constate dans les pays développés, on dénombre jusqu’à 842 millions de personnes qui n’ont pas accès à une nourriture régulière leur permettant de mener une vie active convenable. Le constat est donc clair ; si nous conservons le mode de production actuel, nous ne pourrons éviter les pénuries, les famines et l’insécurité alimentaire. Il faut donc réagir, chercher des alternatives et les appliquer dès à présent. C’est dans ce contexte que la FAO a, en 2013, publié un rapport qui propose une nouvelle source d’aliments pérenne aussi étonnante que méconnue : les insectes.
Le fait de consommer des insectes régulièrement est une pratique alimentaire que l’on nomme « entomophagie » et c’est inspiré de cette pratique que la FAO tente d’inscrire sa propre solution aux défis posés par la sécurité alimentaire de demain.

Contrairement à la croyance populaire, les insectes ne sont pas seulement des aliments de famine, que l’on consommerait en période de pénurie alimentaire ou lorsque l’achat et la récolte d’aliments plus courants devient difficile. La consommation d’insectes a effectivement toujours fait partie du régime alimentaire de l’homme ! En 2014, il y a environ deux milliards de personnes dans le monde qui consomment fréquemment voire quotidiennement des insectes par choix.
En 2012, le néerlandais Yde Jongema du laboratoire d’entomologie de l’Université de Wageningen a proposé une liste non exhaustive de plus de 1900 insectes comestibles.
Des pays comme le Mexique, l’Afrique et la Chine voient respectivement 550, 250 et 180 espèces différentes d’insectes être consommées régulièrement. Les espèces que l’on retrouve principalement dans ces pays et dans le monde entier concernent les scarabées et blattes ; ils représentent 31% des insectes consommés et regroupent quelques 610 espèces comestibles ! Viennent ensuite les chenilles qui représentent une part de 18% pour 350 espèces, suivie par les abeilles, guêpes et fourmis (14%, 295 espèces), les sauterelles et criquets (13%, 250 espèces).

Seulement, l’étendue de cette culture alimentaire ne suffit pas pour être acceptée et adoptée partout dans le monde. En effet, certaines sociétés, comme en Europe, observent une certaine aversion pour la consommation d’insectes où un sentiment général de malpropreté, de saleté va être associé à cette coutume. La combinaison d’un insecte au sein même d’un aliment peut suggérer un mauvais conditionnement ou un problème de conception au cours de la denrée alimentaire ; cette barrière visuelle peut s’abolir à deux niveaux assez facilement. D’une part en le cuisinant de façon à ce que l’aspect premier qui rebute soit atténué. Plus subtil encore : réduire l’insecte en une nouvelle matière première sous l’aspect de farine. Cette dernière solution se présente comme la plus propice à une insertion à grande échelle où l’on utiliserait cet aliment non pas pour ses qualités gustatives et visuelles  mais pour ses propriétés nutritives.       

Met de choix dans de nombreux pays, l’exploitation des insectes dans les pays Occidentaux voient encore quelques points sombres à éclaircir et pas des moindres. Détail primordial : la législation autour de la production et la commercialisation d’insectes ne voient encore aucun arrêté ou loi les encadrer… Seul le règlement européen n°258/97 (réédité dans le Journal Officiel n°L354 du 31/12/2008 p.7) place les insectes au rang de « nouveaux aliments » qui n’ont pas d’historique de consommation significative dans l’Union Européenne avant le 15 mai 1997.
Bien que déjà très présent dans le monde, la consommation d’insectes n’est pas encore exploitée dans les pays développés au point de trouver une production à grande échelle d’insectes comestibles dans l’industrie agro-alimentaire. Dans un contexte où les dérives de production alimentaire du cheptel actuel sont pointées du doigt, la production d’insectes fait sur le papier audacieusement face devant les funestes défauts. Voici une liste de points de comparaison entre les deux modes de productions permettant de constater les éventuelles divergences.
Il faut savoir qu’avec dix kilogrammes de nourriture sèche, il est possible de produire jusqu’à neuf kilogrammes de criquet contre seulement un, trois ou cinq kilogrammes respectivement de viande bovine, porcine et de volailles.
Cette différence si importante s’explique par la voie d’utilisation de cette nourriture. Les bovins ou volailles que nous élevons sont des êtres vivants à sang chaud et ont donc absolument besoin de nutriments pour maintenir cette chaleur corporelle élevée en convertissant la nourriture en énergie. Inversement, les insectes sont dits à sang froid et utilisent la nourriture exclusivement pour le développement même de l’insecte et non à sa survie.
On attribue à l’élevage actuel jusqu’à 37% de la production totale de méthane, de même pour les nitrites NO2 (65%) et 9% des émissions totales de CO2. Concernant la part des insectes dans la production de gaz à effet de serres, seuls les cafards, les termites et scarabées produisent directement du méthane CH4 par fermentation bactérienne. Mais à produire, un kilogramme de protéines de vers de farine rejettera en moyenne 20kg de gaz à et de serres, contre en moyenne 125 kg pour une même quantité protéique de bœuf, soit six fois plus (Figure 1).

Figure 1. Quantité de gaz à effet de serre (CO2, méthane, NO2) émises lors de la production de différentes sources de protéines

  
En Octobre 2013, la FAO estime que 38% de la superficie mondiale des terres est utilisée pour l’agriculture et la moitié de la récolte mondiale est consacrée pour nourrir les animaux d’élevage : 80% du maïs et 50% du blé leur est destiné ! Chiffrée (Figure 2), la production d’un kilogramme d’insectes nécessite en moyenne de 30m² d’espace, contre 202m² pour le bœuf, 55m² pour le porc et 47m² pour le poulet13. Si on considère que la promiscuité ne pose pas de problème pour l’élevage des insectes, le ratio production consommable / terre de culture est donc considérablement multiplié. C’est d’ailleurs la méthode qu’utilise Cédric Auriol pour produire ses vers de farine et grillons ; jusqu’à  une tonne d’insectes est produite par mois sur 35m² …
Figure 2.Surface nécessaire à la production d'un kilogramme de protéine à partir de vers de farine, de lait, de porc, de volaille et de bœuf
Au sein de l’IUT de Créteil-Vitry, notre équipe a décidé de mettre en œuvre un protocole nous permettant de proposer une comparaison de la teneur en protéines contenues dans une même quantité d’aliments. Pour cela, notre expérience regroupe les résultats au sujet de viande de steak haché, de jaune d’œuf, de blanc d’œuf et de grillons. Par la méthode de Biuret, qui est un dosage colorimétrique, nous avons pu doser la concentration en protéine par la mise en évidence des liaisons peptidiques contre une solution étalon d’albumine dans chacun de nos échantillons. Nos résultats ont ainsi montrés qu’un gramme de grillons contiendrait deux fois plus de protéines qu’un gramme de steak.
Ces résultats sont tout de même limités car la méthode utilisée ne nous a pas permis d’extraire l’ensemble des protéines réellement présentes et assimilées par l’homme au sein de nos aliments. Néanmoins, les proportions trouvées entre chaque aliment rejoignent celles fournies par l’USDA au sein d’un rapport du Journal of Asia-Pacic Entomology . Dans ce rapport pour 100g d’aliments, la quantité de protéines contenue chez les grillons est 1,6 fois plus importante que celle trouvée dans la viande de bœuf – contre un facteur deux au cours de notre expérience.
Ce même rapport confronte également les teneurs en acides aminés – essentiels ou non – en acide gras et en minéraux contenus dans différentes viandes et chez les insectes. Par comparaison à ces aliments quotidiens, il se trouve que les insectes ont une réelle aptitude à apporter une quantité nettement suffisante en nutriments essentiels à notre subsistance. En effet, de nombreuses espèces d’insectes présentent un apport nutritionnel comparable à la viande (bœuf, porc, volaille) ou aux œufs.
Plus précisément, le rapport 171 de la FAO sur les insectes comestibles mentionne une étude réalisée sur 78 insectes retrouvés au Mexique et globalement, 100g de matière sèche contiendrait entre 293 et 762 kcals. L’espèce Oecophylla smaragdina (fourmi retrouvée en Australie) contiendrait quant à elle en moyenne 1272 kcals !
La proportion de protéines trouvées chez les insectes est directement liée à la nourriture de ceux-ci. Par exemple, des sauterelles essentiellement nourries avec du son d’avoine – riche en acides gras essentiels – contiendront une teneur en protéines quasiment doublée que des sauterelles nourries au maïs. A l’instar du régime alimentaire, le stade de croissance de l’insecte a une réelle influence sur l’apport en nutriments. En effet, pour une sauterelle (Zonocerus variegatus), ce dernier peut varier de 14,4g/100g à 21,4g/100g du stade larvaire à adulte.
Concernant les minéraux, les variations inter-espèces ne permettent pas une généralisation aussi prononcée qu’au sujet des protéines ou des acides gras.   
On peut tout de même noter que 100g de bœuf (matière sèche) contient 6mg, contre 31 à 77mg chez une chenille. Cette importante quantité de fer rend profitable l’inclusion d’insectes dans l’alimentation quotidienne afin de s’ancrer dans une optique de prévention d’anémies dans les pays en développement.
Les insectes contiennent également de nombreuses vitamines. Peu d’insectes ont des concentrations importantes en vitamine B12 mais l’espèce Acheta domesticus (grillon) contient 5,4µg pour 100g sachant que l’apport journalier conseillé en vitamine B12 est de 2,5µg. A ce jour, la vitamine B12 est uniquement retrouvée dans la nourriture d’origine animale ; les insectes proposent ainsi une nouvelle source de B12 !
On constate aisément que la valeur nutritionnelle des insectes est comparable aux sources de protéines et de nutriments que l’on consomme et produits quotidiennement. Cet atout s’ajoute à celui des multiples rôles des insectes qui font partie intégrante de la biodiversité écologique. Mais il reste encore de nombreuses étapes à franchir avant de retrouver ces animaux dans nos assiettes ! En particulier, certifier que la consommation est sans danger.
Les insectes : animaux  sur la voie de l’exploitation mondiale
L’incorporation de protéines issues de la production d’insectes à la nourriture du bétail permettrait de diminuer considérablement cette importation, qui alimente directement la déforestation des terres productrices. En effet, en 2013, l’Union Européenne importe d’Amérique du Sud plus de 70% des protéines destinées à l’alimentation animale. Le soja brésilien est la principale source de protéine importée (80% des importations totales) et permet ainsi de constituer 50% des besoins céréaliers pour nourrir le bétail hexagonal…
Les insectes constituent également un moyen de subsistance dans les pays en développement. En effet, l’habitat des insectes est très diversifié : chaque région, chaque pays voit en ses terres des espèces différentes et en proportions variées. Le très faible coût qu’engendre l’élevage d’insectes peut permettre ainsi aux populations rurales des pays en développement d’investir en temps et en énergie cette nouvelle culture avec de nombreux avantages. En effet, la vente et la consommation assureraient une source de revenus et une subsistance notoire.
A ce jour, toute distribution à grande échelle doit obtenir une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM), qui fait suite à la démonstration – nécessaire – de l’innocuité de cette nouvelle denrée. Cependant, il est particulièrement compliqué d’établir une liste exhaustive des espèces comestibles et sans danger pour la consommation humaine. En effet, jusqu’à présent peu d’études scientifiques ont été menées et de nombreux points restent à être éclaircis car sur le papier, l’élevage des insectes est très encourageant et ne présente que de belles promesses.
La transmissions de maladies des insectes à l’homme existent réellement comme le typhus via les poux et puces ou encore le chikungunya via les moustiques. Mais la consommation d’insectes n’a, à ce jour, été liée à aucune infection ou transmission de parasites ou de virus. Cependant, la composition chimique des insectes a un réel pouvoir allergène potentiel. En effet, cette dernière est très proche de celle des crustacés, des acariens et mollusques.       
De nombreuses réactions allergiques respiratoires et manifestations cutanées ont pu être rapportées chez certains techniciens de laboratoires en charge de l’entretien des insectes23. Ces symptômes peuvent être dus au fait que certains insectes peuvent projeter des sécrétions acides, possèdent des poils allergisants ou encore des dards venimeux.
Au-delà de la mise en contact avec les insectes, la consommation peut présenter également un risque allergène suite à sa métabolisation. Un élément très présent chez les insectes est le composant majeur de l’exosquelette des insectes mais aussi des acariens et crustacés : la chitine. Pas vraiment assimilable par notre organisme, elle peut être considérée en tant que fibre alimentaire. Sa présence provoque l’activation du système immunitaire caractéristique d’une réaction allergique que l’on développerait en présence d’acariens. De même avec la tropomyosine, qui a une réactivité croisée de par sa structure tertiaire. En effet, la composition en acides aminés de cette protéine est très proche avec la tropomyosine présente chez les crustacés et mollusques et lui confère une similitude avec les sites épitopiques des IgE (immunoglobuline E : classe d’anticorps responsable de l’activation de mécanismes pour certaines allergies). Ainsi, les sujets sensibles à la consommation de ces denrées de la mer peuvent très certainement décrire les mêmes symptômes suite à l’ingestion d’insectes.
Mises à part ces suppositions basées sur des données biochimiques reconnues, la consommation d’insectes à grande échelle n’a à ce jour pas été sujet à un nombre d’études suffisant pour nous permettre d’établir un discours authentique et exhaustif à ce sujet.
Au-delà de l’entomophagie, les insectes peuvent également contribuer à la sécurité alimentaire plus ou moins indirectement. En effet, ils contribuent à notre alimentation comme les abeilles et leur miel ou à l’industrie textile avec les vers à soie. De nombreux insectes, pollinisateurs, sont des intermédiaires dans la reproduction de 80% des plantes.
Les insectes peuvent également être utilisés sur les terrains d’agriculture en tant que bioconverteurs des déchets (excréments, lisier) et concourent ainsi à la fertilité et à l’aération des sols. Certains insectes sont également reconnus pour être efficace dans la lutte contre les insectes ravageurs ; ces prédateurs pourraient servir d’alternative aux pesticides !
On peut également utiliser les insectes en médecine, comme la propolis qui est un anti infectieux produit par les abeilles. Ou encore dans l’entomologie médico-légale : l’étude du type d’insectes charognards présents sur un cadavre permet de d’estimer la période de la mort de ce dernier.
Qui n’a jamais trouvé de vers dans sa cerise, sa pomme ou son abricot ? Trouvés dans nos jardins mais également dans les champs de culture, ce sont ces mêmes fruits qui se retrouvent transformés pour devenir les jus, confitures et denrées alimentaires que nous consommons quotidiennement. Très présent aussi, le colorant alimentaire E120 ; conçu à partir de cochenilles – insecte qui une fois écrasé produit un pigment rouge carmin. Il est utilisé dans de nombreux plats très fréquemment consommés, tels que le tarama ou les gommes à mâcher. Un français consommerait donc en moyenne près de 500 grammes d’insectes à son insu chaque année !

D’ailleurs il est désormais légal en Belgique, depuis Décembre 2013, de consommer et de vendre les insectes. Seuls dix insectes ont obtenus une AMM et ont été inscrits sur la liste officielle autorisée par l’Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire (AFSCA). Cette autorisation concerne seulement les denrées alimentaires à base d’insectes mais ne s’applique pas aux ingrédients alimentaires isolés à partir d’insectes tels que des isolats de protéines.

Ce qui plaît au palais de deux milliards d’individus ne peut pas rebuter éternellement les européens !... Les insectes seront très surement présents dans notre quotidien mais leur consommation sera sans doute différente que dans les pays actuellement entomovores ; farines protéinées, compléments, voire plats cuisinés compléteront l’infini éventail de denrées actuellement consommées. Que les amateurs de viandes et les palais avertis se rassurent ; la nourriture exclusivement à base d’insectes n’est donc pas pour demain… !

Autre défi de taille : l’acceptation de ces nouveaux animaux dans nos assiettes ! De nombreuses barrières culturelles devront ainsi être abattues et quelques préjugés éradiqué avant une entière adoption.

Conclusion
L’idée d’exploiter les insectes comme le propose la FAO pourraient donc bien être l’une des nouvelles voies de recherche pour satisfaire la sécurité alimentaire humaine de demain. Par rapport au cheptel actuel, ces nouveaux animaux présentent un apport non négligeable en nutriments, une facilité de production et un apparent faible impact écologique. Voilà les principaux atouts de ces petites bêtes pour susciter un engouement croissant des communautés internationales dans les années à venir !                                                   



Bibliographie

Articles

·         Annick Barre, Stéphanie Caze-Subra, Camille Gironde, François Bienvenu, Jacques Bienvenu, Pierre Rougé (2014) Entomophagy and the risk of allergy. Doi : 10.1016/j.reval.2014.02.181

·         Arnold van Huis Joost Van Itterbeeck Harmke Klunder Esther Mertens Afton Halloran Giulia Muir, Paul Vantomme (2013) Edible insects: Future prospects for food and feed security. FAO FORESTRY PAPER 171, 187 p.

·         Jharna Chakravort, Sampat Ghosha, Chuleui Jung b, V.B. Meyer-Rochowc. (2014) Nutritional composition of Chondacris rosea and Brachytrupes orientalis: Two common insects used as food by tribes of Arunachal Pradesh, India. Journal of Asia-Pacific Entomology, n°17

·         Oonincx DGAB, van Itterbeeck J, Heetkamp MJW, van den Brand H, van Loon JJA, et al. (2010) An Exploration on Greenhouse Gas and Ammonia Production by Insect Species Suitable for Animal or Human Consumption. PLoS ONE, 5: 12. DOI: 10.1371/journal.pone.0014445

·         Oonincx DGAB, de Boer IJM (2012) Environmental Impact of the Production of Mealworms as a Protein Source for Humans – A Life Cycle Assessment. PLoS ONE, 7(12): e51145. doi:10.1371/journal.pone.0051145

·         Ramos Elorduy (1997) Insects: A sustainable source of food? Ecology of Food and Nutrition. Vol 36, pp 247-276. DOI: 10.1080/03670244.1997.9991519

·         Steinfeld H, Gerber P, Wassenaar T, Castel V, Rosales M, et al. (2006) Livestock's Long Shadow. Environmental issues and options. Rome, FAO.


Sitographie

·         « Insectes pour la consommation humaine ». Ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt.         
http://agriculture.gouv.fr/FAQ-Insectes-pour-la-consommation (page consultée le 14 Mars 2014)

·         Food and Agriculture Organization of the United Nations     
http://www.fao.org/ (page consultée le 15 Avril 2014)

·         Micronutris, créateur d’alimentation durable     
http://www.micronutris.com/ (page consultée le 19 Avril 2014)

·         Yde Jongema « List of edible insects of the world » Wageningen UR Université et Centre de Recherche. 
http://www.wageningenur.nl/upload_mm/7/e/6/c79e66db-00d5-44c9-99cb-f38943723db6_LIST%20Edible%20insects%201st%20of%20April.pdf (page consultée le 16 Avril 2014)

·         World Health Organization           
http://www.who.int/ (page consultée le 15 Avril 2014)